Les braconnages sont des phrases tirées de mes lectures, pas forcément représentatives du livre, mais plutôt celles qui m’ont interpellées soit par le sens et la réflexion qu’elles ont provoquées chez moi, soit par la forme particulièrement réussie et la manière de dire.
- La pièce suivante, ancienne chambre de Madame Adélaïde devenue salon de jeux, fut transformée par Gabriel en une magnifique bibliothèque dont le roi supervisa la décoration florale. Ce fut le premier grand aménagement qu’il ordonna. C’est en ce lieu qu’il travaillait habituellement aux affaires de l’Etat, sur un petit bureau d’acajou de Riesener qu’il avait placé dans l’embrasure d’une fenêtre, étalant partout ses papiers.
- Calonne : d’être le représentant du pouvoir royal dans cette épineuse affaire [direction de l’instruction contre La Chalotais à Rennes] qui avait déchaîné les passions, suffit à lui valoir la haine durable des parlementaires, des jansénistes, des philosophes et d’une bonne part de la noblesse bretonne.
- En cette période [1788] qui précède immédiatement la révolution française, contrairement à une vision par trop pessimiste d’Ernest Labrousse, le pays paraissait en bonne santé économique, son agriculture et son industrie étaient prospères. Paris offrait le visage du luxe et d’un art de vie inimitables. Jamais on n’avait ressenti la gracieuse vacuité d’un monde qui va finir. (…) Cette joie de vivre qui se retrouvait dans les réjouissances publiques, se ressentait jusque dans les humbles villages où, dans une gaieté simple, on chantait, on dansait, on buvait, on discutait les dimanches et fêtes. (…) Malgré cette situation plutôt satisfaisante, le climat social n’était pas à l’euphorie : comme dans toute période de développement rapide, des distorsions apparaissaient entre ceux qui s’enrichissaient et ceux qui s’appauvrissaient.
- Selon l’étiquette, le tiers-état devait rester découvert, mais une bonne partie de ses représentants suivit la noblesse. « Découvrez-vous ! Découvrez-vous ! » répétait à mi-voix le grand maître des cérémonies, soulevant des murmures de protestation. Louis XVI nota l’entorse au protocole. Usant d’une petite ruse, il enleva alors son chapeau, contraignant tout le monde à l’imiter.
- Elles montraient en tout cas un Louis XVI ouvert aux idées nouvelles, attentif à collaborer efficacement avec les députés et aux positions moins extrémistes que maints de ses partisans. Elles correspondaient aux principes d’égalité publique des citoyens qui avaient présidé à l’élaboration du plan Calonne et à la tentative d’alliance du roi et du tiers fin 1788. Lui-même avait supprimé dès 1779 le servage et la mainmorte (interdisant aux serfs de transmettre leur héritage à d’autres qu’à leurs enfants) dans les domaines de la Couronne.
- Versailles, pendant ce temps, vivait dans l’insouciance les derniers instants d’un monde appelé à disparaître.
- Le 10 août marque aussi la naissance d’une seconde révolution, tumultueuse, violente, frénétique, ayant pour objectif d’abattre les institutions politiques mises en place par la Constituante. (…) Dans l’histoire de la Révolution française, la fracture n’est pas entre 89 et 93, entre la Constituante et la dictature du Comité de salut public, mais entre 89 et 92 car le mouvement d’août marque l’avènement d’une forme particulière de pouvoir, la « démocratie totalitaire » qui portait en elle la chute de la Gironde, expulsée de la Convention sous la menace des canons, l’élimination des enragés puis des indulgents, la loi des suspects puis l’ère de la Terreur.
- Dans sa sincère volonté de réforme, Louis XVI, comment le nier, a largement contribué à ébranler son trône. Le basculement se produisit en 1786-87 avec le rejet du plan de Calonne par les notables. On entre alors dans une nouvelle phase qui conduit tout droit à la Révolution. La Révolution royale ardemment souhaitée par Louis XVI se heurta de plein fouet aux privilégiés (…). Plutôt que la révolution, c’était une contre-révolution dirigée contre la volonté modernisatrice du Roi. Cette contre-révolution dura jusqu’à l’été 1788, date à laquelle, à la suite du refus hautain du doublement du Tiers par le Parlement de Paris, le front patriotique se brisa.
- Une donnée est certaine : la société d’ordres était à bout de souffle, tout comme l’absolutisme qui lui était consubstantiel. (…) La liberté, l’égalité des droits, bref les bases de la société moderne s’imposaient et la grandeur de Louis XVI est d’en avoir eu conscience assez tôt malgré une éducation étroitement traditionaliste.
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