La semaine dernière, j’entamais mon billet sur les outils d’écriture en parlant du mythe de l’écrivain penché sur son manuscrit, assailli par l’inspiration. Apparemment, vous avez été quelques-uns à trouver mes outils utiles… et que parfois, ce sont les outils qui font défaut, plutôt que l’inspiration. Alors, l’inspiration, mythe ou réalité ? Est-ce que l’écriture, c’est vraiment une question d’inspiration ?
« L’écriture, c’est 5% d’inspiration et 95% de transpiration »
J’aime beaucoup cette maxime, professée (assénée !) par l’écrivain Martin Winckler dans chaque épisode de la saison 5 du Mooc Draftquest écrire une oeuvre de fiction (il l’a adaptée de la célèbre phrase d’Edison concernant le génie).
Je l’aime beaucoup parce qu’elle résume ce que je pense depuis longtemps sur l’écriture : un peu de talent et surtout beaucoup de travail. Non, contrairement à ce que beaucoup de lecteurs pensent, aucun écrivain n’écrit un roman en une seule fois, d’un trait, sans revenir dessus.
Il y a des brouillons, un premier jet, parfois un second, des réécritures, des corrections, on rature, on élague, on étoffe… c’est ça, l’écriture. Un constant aller-retour sur le manuscrit, jusqu’à ce qu’il soit parfait. Et encore : la perfection existe-t-elle ?
Ce n’est pas une notion facile à appréhender pour les lecteurs. Quand on annonce qu’on a posé le mot « FIN » sur le premier jet d’un roman, la première réaction du lecteur lambda, c’est de demander « à quand la publication ? ». Impatience bien légitime (et ô combien motivante !), mais l’auteur est souvent embêté pour répondre. Car finir le premier jet, c’est seulement la première étape, le brouillon. Si l’on est un peu organisé et qu’on a planifié la création du roman en question, on peut donner à peu près une date… mais sinon c’est advienne que pourra.
Inspiration vs. technique
Il y a un débat récurrent chez les auteurs entre les tenants de la technique et les fanas du talent (je caricature exprès, les positions sont souvent plus nuancées). Les premiers considèrent que l’écriture est une technique comme une autre, que cela s’apprend et que n’importe qui d’un peu consciencieux est capable de produire un roman. Les seconds pensent que l’écriture est un don, un talent, que l’on peut écrire un chef d’oeuvre sans avoir une once de technique.
Évidemment, la vérité est un peu au milieu des deux, comme d’habitude. On peut écrire des milliers de pages parce qu’on est prolifique et très inspiré, ça ne suffira pas pour écrire un roman : il y faut un peu de structure, de scénario, de travail sur les personnages, etc… A contrario, être un expert de la technique d’écriture ne suffira pas non plus, car si l’on a aucune idée et que l’inspiration ne répond pas à l’appel, on va écrire un roman plat, sans intérêt, sans émotions. Un exercice de style, mais sans le style.
Comme le répète Martin Winckler, c’est le 5% d’inspiration qui fait d’un texte moyen ou correct un bon texte. L’inspiration est l’essence de l’écriture, même si le travail reste essentiel (subtil, hein 😅) ). Le travail, c’est ce qui va permettre à l’écrivain en herbe d’aller au bout de son projet de roman, là où l’inspiration lui permettra seulement de démarrer ou d’en écrire des bribes.
L’inspiration, ça tient à quoi ?
Tout noter… au cas où
A peu de choses. Là, le mythe de l’écrivain armé de son carnet qui note tout et n’importe quoi n’est sans doute pas usurpé : un fait divers, un lieu, un personnage, une situation, tout est susceptible de faire naître dans le cerveau de l’écrivain une idée de roman.
Mais là encore, l’idée ne suffira pas : il faudra la travailler, la malaxer, la triturer dans tous les sens pour en faire une histoire. Car un roman, c’est d’abord une bonne histoire (comme dit Alfred).
L’inspiration est une muse capricieuse
Il y a des jours où l’on a décidé d’écrire et où rien ne sort (ou rien de bon). On se met devant sa page et c’est le trou noir, la panne. Il y a des techniques pour contrecarrer ces pannes, mais parfois il faut savoir faire son deuil de mots : aujourd’hui, on sera bon à rien, c’est comme ça.
Quand ça m’arrive, j’essaie de ne pas laisser tomber pour autant. Je fais des choses en rapport avec mon manuscrit en cours :
- relire les chapitres précédents et corriger les fautes, la syntaxe, la tournure des phrases
- travailler sur le plan, les personnages, documenter un lieu, un fait, un détail
- créer des posts de promotion sur ma page Facebook pour les programmer, ou des billets de blog
- travailler sur un autre projet d’écriture : un autre roman ou une nouvelle (je le fais peu car j’ai tendance à aimer me concentrer sur un seul projet à la fois).
La seule chose que je ne fais pas, c’est de procrastiner en faisant complètement autre chose (sauf si le blocage est vraiment énorme !) qui n’a aucun rapport avec l’écriture. Quand on est face à un obstacle, changer de chemin ne permet que de l’éviter, pas de le franchir (je cite cet adage souvent à ma fille aînée qui a tendance à esquiver les problèmes plutôt que de les affronter).
Pour résumer, l’inspiration n’est pas plus un mythe qu’une réalité, elle existe et elle est une part importante de l’écriture. Mais le travail est tout aussi important, car c’est lui qui va transformer l’inspiration en roman. Bon, d’ailleurs, je retourne de ce pas travailler sur la troisième et dernière partie du Sang des Lumières que je compte envoyer à mes bêta-lecteurs ce weekend !
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