Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’expression « chaîne du livre » sans trop savoir à quoi ça faisait référence. La chaîne du livre, ce sont tous les acteurs permettant au lecteur d’avoir entre les mains le livre (papier ou numérique) d’un auteur. On pense bien sûr à l’éditeur, mais il est loin d’être le seul maillon. Savez-vous par exemple différencier le rôle du distributeur et du diffuseur ? Celui de l’éditeur et du directeur de collection ? Voici quelques éléments de compréhensions de la chaîne du livre.
Pour comprendre la chaîne du livre, il faut découper sa naissance en plusieurs phases, de la création à sa mise à disposition au lecteur. On peut ainsi distinguer 5 étapes principales :
- la création du livre ;
- son édition ;
- sa conception et sa fabrication ;
- sa commercialisation ;
- sa mise à disposition auprès du lecteur.
J’imagine que vous vous dites déjà peut-être que certaines étapes sont la même chose. Voyons ça plus en détail !
La création, première étape de la chaîne du livre
Avant toute chose, il faut une matière et cette matière, elle est créée par l’auteur (mais pas seulement !).
Tout commence par un auteur ou une autrice…
L’auteur ou l’autrice, c’est vous, c’est moi, c’est celui ou celle qui prend la plume (ou plus souvent, aujourd’hui, le clavier !) pour coucher ses pensées. Sa tâche est d’avoir les idées et de les agencer afin de rédiger le texte.
Je mets volontairement dans le rôle d’auteur les illustrateurs s’il s’agit d’un livre où les illustrations ont une part prépondérante (un album jeunesse, un manga, une BD ou un roman graphique par exemple). Ils ont le même statut que les auteurs et, souvent, ils se partagent d’ailleurs les droits d’auteurs.
Les bêta-lecteurs
Ils font partie de l’étape de création, car ils interviennent entre la V0 et la Vx du manuscrit. Leur mission : lire (et parfois relire !) le texte du livre pour traquer les incohérences, les longueurs, les lourdeurs… Ils s’attachent au fond plus qu’à la forme dans le sens où ils ne vont pas s’attarder, à cette étape, sur les corrections de style ou d’orthographe-grammaire.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les bêta-lecteurs sont aussi utiles pour un auteur édité par une maison d’édition classique que pour un auto-édité. En effet, leur action préalable à l’envoi du manuscrit vous permettra de présenter une version beaucoup plus aboutie et limitera le travail éditorial.
L’édition : l’étape 2 de la chaîne
La partie édition de la chaîne du livre est assurée :
- soit en externe lorsque l’auteur confie son manuscrit à une maison d’édition ;
- soit en « interne » (si l’on peut dire !) lorsque l’auteur choisit l’auto-édition.
On confond souvent éditeur et maison d’édition, mais leurs rôles sont légèrement différents. Il peut y avoir (et il y a souvent !) plusieurs éditeurs et éditrices, ou directeur·ices de collection, dans une même maison d’édition.
La maison d’édition
Elle rassemble donc plusieurs collections gérées par les directeurs. Je schématise volontairement pour faciliter la compréhension, mais il arrive souvent qu’un directeur de collection soit aussi éditeur, voire patron de la maison d’édition quand c’est une petite structure.
Aujourd’hui, de nombreuses maisons d’éditions (on pourrait parler de « marques ») appartiennent à des grands groupes. Citons par exemple :
- Editis-Vivendi (Presses de la Renaissance, Bordas, Nathan, La Découverte, Presses de la Cité, Pocket, 10/18…)
- le groupe Lagardère (Hachette Livre, Larousse, Armand Colin, Grasset, Calmann-Levy…)
- Madrigall (Flammarion, Gallimard, Editions de minuit, POL…)
Il y a aussi des maisons d’édition indépendantes comme Liana Lévi, Au Diable Vauvert ou Christian Bourgois.
Le directeur de collection ou éditeur
C’est lui qui gère les collections, c’est-à-dire un ensemble de livres suivant la même ligne (par exemple : romance historique, young adult, fantasy…). Il est responsable de la ligne éditoriale de cette collection et encadre à ce titre tous les intervenants, de la conception à la commercialisation, depuis l’auteur jusqu’au distributeur.
Son rôle est de trouver des nouveaux auteurs et de sélectionner les manuscrits qui permettent d’alimenter sa collection. Il assure ensuite le travail éditorial conjointement avec l’auteur une fois le contrat signé (contrat qu’il négocie au nom de la maison d’édition, d’ailleurs).
L’éditeur ou directeur de collection va en ce sens faire un peu le même travail que le bêta-lecteur, mais dans l’objectif d’harmoniser votre manuscrit avec le reste de la collection. Il va donc suggérer des modifications, des ajouts ou des suppressions, des refontes…
Étape 3 : la conception et la fabrication du livre
Le manuscrit ayant sa version finale pour ce qui concerne le fond, on aborde maintenant la forme. Le texte va passer entre différentes mains.
La conception
Le manuscrit, à ce stade de la chaîne du livre, reste néanmoins toujours virtuel. Le fichier texte va être soigneusement relu par un correcteur qui, cette fois, va traquer les fautes de grammaire, d’orthographe, de conjugaison, de vocabulaire et de typographie.
Puis le manuscrit est confié à un maquettiste qui va formater le fichier au bon gabarit. Par exemple, il va ajouter les numéros de page, les en-têtes et les pages vierges nécessaires, appliquer une police, une taille (corps) et un interlignage particuliers au texte, mais aussi aux titres de chapitres et de parties. L’objectif est d’obtenir un texte visuellement agréable à lire.
Pendant ce temps, le graphiste va travailler sur la couverture, parfois avec un illustrateur ou un iconographe. Le service marketing va élaborer un résumé pour figurer en quatrième de couverture et trouver un titre. Il faut savoir que ces éléments, normalement, relèvent du choix de la maison d’édition, même si elle le fait le plus souvent en accord avec l’auteur.
Finalement, l’auteur signe un BAT (bon à tirer) pour valider la maquette définitive du livre. Après ça, ni lui ni l’éditeur ne pourront revenir dessus (sauf en cas de réédition). Pour un livre numérique, le BAT est moins formel, car les modifications sont plus faciles.
La fabrication
On pense souvent à l’impression du format papier chez l’imprimeur, mais la fabrication consiste aussi à créer un format numérique (epub ou mobi pour Kindle). Ces prestations demandent un délai qui peut aller de quelques heures à quelques semaines.
Selon les cas, l’imprimeur peut s’entourer d’autres professionnels comme un relieur ou un prestataire assurant le pelliculage de la couverture par exemple.
La commercialisation, un maillon clé de la chaîne du livre
C’est à partir de ce moment-là que votre livre prend une forme concrète, physique ou numérique. Mais pour qu’il parvienne jusqu’au lecteur, il y a encore une étape importante (et souvent méconnue). Elle se constitue de la distribution et de la diffusion, qu’on confond souvent. Elles sont en effet fréquemment assurées par les mêmes prestataires, mais avec des objectifs différents.
La diffusion
Son rôle consiste à faire en sorte que le livre soit présent en point de vente. La mission est souvent assurée par la maison d’édition elle-même, mais elle est également sous-traitée. La diffusion, c’est la partie commerciale et marketing de la chaîne du livre.
Le diffuseur envoie des représentants auprès des points de vente (libraires, supermarchés, plateformes…) pour qu’ils acceptent de commander un nombre donné d’exemplaires du livre et le proposer à leurs clients. Sans cette diffusion, le livre est donc condamné à rester croupir dans les entrepôts du distributeur.
La distribution dans la chaîne du livre
Une fois le livre fabriqué, numérique ou papier, il est confié au distributeur. Son rôle : stocker les exemplaires (pour les ebook, c’est assez facile !), mais aussi en assurer la distribution. Pour cela, il doit mettre en place une logistique au cordeau pour que chaque livre arrive à bon port, c’est-à-dire en point de vente.
L’entreprise chargée de la distribution gère donc :
- la préparation des commandes, leur expédition et leur livraison
- le stockage des livres, des invendus et des retours
- les dépenses et les recettes liées à cette logistique.
En tant qu’auteur indépendant, quand on vous dit que telle ou telle plateforme vous assure la distribution du livre avec Hachette, Sodis ou un autre acteur, ça veut donc juste dire que les points de vente pourront passer commande auprès d’eux pour avoir des exemplaires en librairie. Mais avant de passer une commande, le point de vente doit avoir l’information que votre livre existe : ça, c’est le boulot du diffuseur.
Si concrètement il est possible pour un auto-édité de jouer le rôle de diffuseur (encore que c’est un métier qui demande de grandes compétences commerciales), assurer soi-même la distribution est plus difficile, en tout cas à grande échelle, et demande du temps et un certain investissement.
On peut considérer qu’Amazon KDP est son propre distributeur, en auto-édition. Par contre, ils sous-traitent la partie impression pour les formats papier et il n’y a pas de diffusion (c’est à l’auteur de l’assurer).
L’étape ultime de la chaîne du livre : la mise à disposition
Si la mission de diffusion est bien menée et la distribution assurée, votre livre se retrouve à présent sous les yeux des lecteurs :
- soit en point de vente physique (librairie, supermarché, centrale d’achat…)
- soit en point de vente en ligne (plateforme, librairie en ligne…)
Le lecteur final peut l’acheter, mais aussi des intermédiaires comme les bibliothèques ou les associations.
L’auteur, au bout de ce périple, peut (enfin) toucher ses droits d’auteur !
Voilà, j’espère que ce petit voyage dans la chaîne du livre vous aura éclairé sur les rôles des différents acteurs intervenant dans la vie d’un manuscrit. Évidemment, dans l’édition classique, il y a beaucoup de prestataires différents qui prennent une commission au passage. Mais en auto-édition, il ne faut pas penser que l’on doit faire tout ça tout seul. De nombreux métiers de la chaîne du livre sont exercés par des prestataires (plateformes d’auto-édition ou freelances). À vous de savoir vous entourer😉.
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