Ce qu’il y a d’énervant quand on travaille, comme moi, dans le culturel et qu’on aime écrire, c’est qu’il y a toujours quelque chose, au milieu d’un dossier, qui me ramène à ma création, à mon propre travail « d’artiste » – et je me sens presqu’honteuse d’utiliser le terme à mon endroit, moi qui ne suis que dilettante en la matière.
En compulsant différents dossiers de présentation du travail de compagnies de théâtre de marionnettes, pour détecter des spectacles susceptibles d’être programmés, je tombe ainsi sur des références à Strindberg, à Gombroviscz, à Magritte… Ou même des citations d’Henri Michaux :
Signes, non pour être complet
mais pour être fidèle à son transitoire
non pour conjuguer
mais pour retrouver le don des langues,
la sienne, au moins, que,
sinon soi, qui la parlera ?
Alors, là, même avec toute la bonne volonté du monde, je suis incapable de ne pas m’évader, dans ces cas-là, vers mes pages : et mentalement, j’écris dans ma tête (trop consciencieuse pour aller jusqu’à prendre une feuille et un crayon…), je mêle les mots, je fourmille, je foisonne, je m’en vais en moi, je brasse tout et je créée.
Les productions des artistes que j’ai sous les yeux m’éveillent des mots, des sensations, des sentiments parfois… Je m’extraie d’eux pour me trouver moi. Je pourrais me le reprocher : après tout je suis là pour travailler, pas pour rêver, même si mon rêvassage est créatif… Mais, en même temps, comment puis-je travailler avec des artistes si ce qu’ils font me laisse indifférente – ou si je n’ai sur leur travail qu’un regard professionnel ?
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