Les romans historiques sont les livres qui se vendent le mieux parmi les 5 romans que j’ai publié jusqu’à présent. La réflexion qui revient souvent lorsqu’on me parle des romans historiques, c’est : « Mais tu as dû passer des heures à te documenter ! ». C’est vrai et en tant qu’historienne de formation, cette phase de documentation n’est absolument pas une corvée. Je vous explique pourquoi et comment se documenter pour écrire un roman historique.
L’importance de la documentation
Si spontanément on pense la documentation indispensable pour les romans historiques, elle est cependant recommandée pour écrire n’importe quel type de roman : policier, contemporain, fantasy, etc.
Pourquoi se documenter pour un roman ?
Tout d’abord, la recherche documentaire va permettre à l’auteur d’être crédible et de donner des informations réelles sur un territoire, une époque (même si c’est il y a cinq ans) ou un contexte. Rien de plus énervant quand vous lisez un livre de trouver des informations incohérentes ou des détails invraisemblables.
Cette crédibilité est l’élément incontournable pour faire adhérer le lecteur à votre histoire : il est embarqué avec les héros, il ne se pose pas de questions, il « marche ». Si un détail accroche son attention parce que ce n’est pas crédible, il va se focaliser là-dessus et perdre le fil du roman. Entendons-nous bien : on parle de crédibilité et pas de véracité : libre à vous de prendre des libertés avec la réalité, si tant est que ce soit assumé et expliqué. Si dans votre roman de fantasy, la norme veut que les chats soient tous bleus, votre chat peut être bleu tout en restant crédible.
La documentation : indispensable pour un roman historique
Les recherches documentaires sont évidemment indispensables pour écrire un roman historique. Les lecteurs cherchent à revivre une période par l’intermédiaire des héros du roman et ils sont avides de détails et de descriptions pour se plonger dans l’époque donnée.
Se documenter est donc particulièrement important pour un roman historique, toujours pour garantir cette crédibilité, et avant tout pour ne pas faire d’anachronisme. On pense souvent à la bête erreur d’un élément qui n’existait pas à l’époque donnée. Exemple caricatural : parler d’un rendez-vous sous la Tour Eiffel pour un roman se déroulant au 17ème siècle.
Mais il y a des anachronismes plus sournois : par exemple d’attribuer des réactions contemporaines à des héros vivant dans un autre siècle. Dans Le Vent des Lumières, par exemple, Éléonore est très en avance sur son temps lorsqu’elle se marie par amour, au risque de déchoir en épousant un noble moins titré qu’elle. J’ai pris cette liberté avec l’histoire parce que ce n’était pas rédhibitoire et que c’est peu connu. Un historien aurait pu m’opposer l’impossibilité d’un tel mariage.
Où se documenter pour écrire un roman historique ?
Lorsqu’on commence à réfléchir à un roman historique, on peut se retrouver démuni en se demandant où trouver des sources et des sources fiables. Le risque, c’est de se disperser, d’avoir de nombreuses sources et une masse importante de documents.
Pour une première approche ou des détails : Internet
Lorsque j’ai besoin d’avoir un premier aperçu d’une période ou d’un événement, je me tourne vers Internet. À l’époque où j’ai commencé l’écriture du Vent des Lumières, au début des années 1990, je n’avais pas d’autres ressources que les livres et la bibliothèque universitaire. Me documenter pour écrire mon roman historique m’a donc demandé de longues heures et quelques kilos de papier ! Aujourd’hui, les sites encyclopédiques permettent de gagner du temps.
Je consulte évidemment Wikipedia, mais avec parcimonie, car je sais que cette encyclopédie participative peut être sujette à caution. En bonne historienne, doublée d’une journaliste, j’ai l’habitude de croiser mes sources : je consulte plusieurs sites afin d’avoir une vision panoramique des éléments recherchés.
Pour les lieux, je visite beaucoup les sites de monuments historiques (par exemple, le site du Centre des monuments nationaux qui a ses locaux dans l’hôtel de Béthune-Sully que j’ai utilisé pour décrire la maison d’Éléonore).
Internet est mon ami aussi pour vérifier un détail, en cours d’écriture. Par exemple, tel événement s’est passé un mardi ou un vendredi ? Je vais m’y reporter aussi si j’ai besoin de m’inspirer pour décrire un vêtement, une scène, une salle… Dans ce cas, je fais une recherche sur les images et je trouve des tableaux d’époque, des gravures, des plans…
Les livres, toujours une référence
Lorsque j’ai besoin d’approfondir un sujet, rien ne vaut les livres. Pour mes romans historiques, j’ai toujours consulté quelques ouvrages de référence, notamment des biographies (Louis XVI de Jean-Christian Petitfils ou Robespierre d’Hervé Lewers), mais aussi des manuels universitaires (Révolution, Consulat, Empire, 1789-1815 ou encore L’histoire de la marine française de Jean Meyer et Martine Acerra). Dans les faits, je n’ai peut-être conservé que quelques lignes ou éléments de ces lectures, mais elles m’ont surtout permis de m’imprégner d’une époque, d’un personnage ou de mécanismes.
Aller à la source : Gallica de la BnF
Mon site favori en écrivant Le Sang des Lumières était celui de la Bibliothèque nationale de France, Gallica. Sur ce site conçu comme un moteur de recherche, on trouve des millions d’archives numérisées. J’ai notamment consulté les procès-verbaux des premières séances de l’Assemblée nationale, en 1789 et en 1792, pour être au plus juste dans mon récit.
En consultant les sources directement, sans passer par l’interprétation d’un historien, on peut se faire sa propre opinion sans (trop) risquer l’anachronisme. On peut même y trouver d’anciens plans et cartes, comme celui de Paris en 1790, une mine pour éviter de faire déambuler ses personnages dans des rues qui n’existent pas encore !
Se documenter : ni trop, ni trop peu
Ne pas en faire trop
Le premier travers d’un romancier historique est de vouloir être trop exhaustif, trop complet, trop précis, au risque d’ennuyer le lecteur. On a appris plein de choses en se documentant et on a qu’une envie : les retransmettre au lecteur.
Or, le lecteur, lui, cherche une ambiance, une atmosphère, une époque historique, mais ce qui l’intéresse au premier chef, c’est l’histoire que vous allez lui raconter. J’ai eu ce défaut au début et je lutte toujours contre cette propension à vouloir en dire trop. N’oublions pas que le lecteur veut lire un roman, pas un manuel d’histoire !
Par contre, il ne faut pas hésiter à être prolixe sur tous les détails qui vont permettre de plonger le lecteur dans l’époque de votre roman : la manière dont les héros se déplacent, dont ils s’habillent, dont ils parlent. J’ai un peu négligé cet aspect jusqu’à présent et mon expérience avec Harlequin m’a montré l’importance de ce type de descriptions.
Ne pas prendre trop de libertés avec l’histoire
A contrario, il ne faut pas non plus prendre la documentation historique à la légère. On risque sinon de perdre toute crédibilité aux yeux du lecteur, surtout quand on évoque des personnages ayant réellement existé. Par exemple, si j’avais décris dans mon roman Louis XVI comme un roi puissant, ferme et autoritaire, le lecteur n’aurait pas souscrit, car il sait que ce n’est pas la vérité.
Néanmoins, si l’intrigue le nécessite, il est possible de déroger un peu. Mais dans ce cas, ne prenez pas votre lecteur en traitre. Signalez simplement que vous n’avez pas respecté le contexte historique sur un point particulier, soit en note, soit en avertissement.
Encore une fois, tout est question de juste milieu en matière de documentation pour écrire un roman historique. Chaque période de l’Histoire a ses spécialistes, il faut trouver les ouvrages et les sites de référence. Surtout, il ne faut pas perdre son regard critique et sa capacité à prendre du recul. J’aime à dire que l’objectivité n’existe pas, on a tous une interprétation des faits. C’est aussi pour cela que chaque roman est unique. Si vous avez envie de me suivre dans les coulisses de mes romans, abonnez-vous à l’infolettre !
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