À l’occasion de la vente éclair de mon premier roman historique Le Vent des Lumières, je reviens sur sa genèse. C’est mon premier auto-publié, mais aussi mon premier édité. Ce n’est pourtant pas le premier roman que j’ai écrit ni le premier à avoir été terminé ! Voici donc la petite histoire du Vent des Lumières.
L’histoire commence au siècle dernier…
Oui, oui, vous avez bien lu : au siècle dernier ! Le personnage d’Éléonore est né dans les années 1990. J’avais 14 ou 15 ans, j’aimais déjà écrire et l’Histoire était déjà ma matière préférée à l’école (merci Janine !).
À l’occasion d’une énième rediffusion à la télé, je découvre la série des Angélique par Bernard Borderie. Forcément, je kiffe Michèle Mercier et Robert Hossein, les décors, les costumes, les bateaux, les chevauchées, l’histoire d’amour, le scénario. Je passse complètement à côté du côté kitsch des films (je suis une ado des années 90, hein !). J’aime tellement que 5 films c’est beaucoup trop court pour moi. Je me plonge donc dans les romans d’Anne et Serge Golon.
J’ai dévoré la saga (en 13 volumes) en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. J’ai découvert le XVIIe siècle et le règne de Louis XIV aussi sûrement que si j’y avais vécu. Le déclic se fait : je prends la plume et commence à écrire moi aussi les aventures amoureuses d’une jeune fille bretonne mariée contre son gré à un riche seigneur.
Je suis dans la fan fiction la plus totale sans le savoir. Mon idée, déjà, est de faire comme Anne Golon. Je veux faire revivre la grande Histoire à travers les aventures d’un personnage fictif confronté aux grands événements de son siècle.
Histoire du Vent des Lumières : le choix du 18ème siècle
La toute première version se passait elle aussi au XVIIe siècle. Rapidement, je me heurte au risque de mimétisme, voire de plagiat, notamment à cause du Roi-Soleil. Mon héroïne serait inexorablement amenée à côtoyer cette figure historique incontournable.
Je décide donc de choisir une autre époque historique. Je ne sais plus comment j’en suis arrivée à la fin du XVIIIe siècle. Peut-être bien parce que que j’étais sûre qu’avec Louis XVI, il n’y avait aucune histoire d’amour possible !
Plus sérieusement, les fictions télévisées historiques étaient très à la mode dans les années 1990. Je m’enthousiasme pour la série Le Gerfaut, puis La Comtesse de Charny, tournées par la réalisatrice Marion Sarraut. Toutes deux se passent au moment de la Révolution française et sont des adaptations de romans. Le Gerfaut des Brumes est de Juliette Benzoni pour la première. La seconde est inspirée du quatrième volume des Mémoires d’un médecin d’Alexandre Dumas père. Mon personnage d’Olivier sera d’ailleurs très directement inspiré de celui d’Olivier de Charny.
Me voilà donc partie dans l’écriture de ce qui sera Le Vent des Lumières. J’ai vingt ans, j’étoffe mon scénario, je suis en fac d’histoire à Rennes. Je passe plus de temps à la bibliothèque universitaire à compulser des ouvrages de référence sur les Lumières qu’à potasser mes cours !
Internet n’en était qu’à ses balbutiements alors. Je prenais toutes mes notes à partir de livres, voire d’obscures thèses de doctorat sur Bordeaux ou les Antilles.
Un roman qui a failli n’être jamais terminé
Début 2000, j’ai écrit environ les deux tiers de mon roman, puis la vie reprend ses droits. Je laisse de côté l’écriture pour travailler, faire des enfants, m’installer. Je continue d’écrire mais en dilettante, en m’efforçant de terminer ce roman qui promet d’être aussi long que la guerre de Cent ans !
Surtout, je traverse une période creuse. J’ai du mal à avancer, je manque de retour sur mon écriture et j’ai l’impression de stagner. Surtout, mon syndrome de l’imposteur envahit tout l’espace disponible après le retour très négatif, bien que bienveillant, d’un lecteur de maison d’édition rencontré sur un forum. Mon histoire n’est pas crédible, la réalité historique trop édulcorée, le scénario est parfois bancal… Je range Éléonore dans un tiroir et passe à autre chose. Enfin j’essaie.
C’est sur un autre forum d’écriture qu’elle renaît, vers 2012. Suivant l’habitude du lieu, j’y publie, sous forme d’épisodes plus ou moins quotidiens, les premiers chapitres du Vent des Lumières. Un peu pour voir et avoir d’autres avis sur ma prose. Je m’attends à avoir le même type de retour négatif. Que nenni : Éléonore, au fil des pages, plait, et même plait beaucoup.
On me réclame la suite de l’histoire du Vent des Lumières, je publie les chapitres suivants. Mes lecteurs, même s’ils ne sont pas nombreux (quelques dizaines) sont dithyrambiques. Un prof d’histoire, lui-même écrivain, m’adresse ses plus chaleureuses félicitations et ses plus vifs encouragements. Il deviendra plus tard mon bêta-lecteur référent historique, en plus d’être un ami.
Forcée à finir
Jusqu’au jour où je publie sur le forum le dernier chapitre écrit de mon roman. Mais c’est loin d’en être la fin. Consternation dans l’assistance : mes lecteurs veulent absolument savoir la fin des aventures d’Éléonore.
D’accord, mais j’ai un gros problème. Non seulement elle n’est pas écrite, mais surtout je ne sais même pas moi-même comment se termine l’histoire du Vent des Lumières ! Je décide alors de me replonger dans l’écriture. Mais difficile de reprendre un roman qu’on a abandonné depuis plusieurs années.
Début 2014, l’aventure du Mooc Draftquest, un atelier d’écriture en ligne pour écrire son premier roman, tombe à pic. Grâce à David Meulemans et entourée des autres écrivains en herbe de l’atelier, je remets le pied à l’étrier (et replonge la plume dans l’encrier !). Je réinterroge mon synopsis, réécrit certains passages, finalise le scénario de la fin du roman et passe à l’écriture.
Entre temps, je soumets mon manuscrit non terminé (puisque c’était possible) au concours organisé par Draftquest en partenariat avec Librinova. À la clé, pour le premier prix une publication dans la maison d’édition gérée par le créateur de Draftquest, Aux Forges de Vulcain. Les 4 suivants gagnent un pack d’auto-édition chez Librinova. Je tente, même si je me dis que je n’ai aucune chance avec mon gros pavé même pas fini.
Juin 2014. Le verdict tombe : contre toute attente (mais surtout la mienne), mon roman gagne le 2e prix du concours. Je passe à côté de l’édition en maison (surtout parce qu’elle ne publie pas de romans historiques). Mais le jury a adoré mon Éléonore ! Là, je n’ai plus le choix : il faut que je termine ce satané roman pour pouvoir l’autopublier.
Éléonore arrive en librairie !
Succès d’auto-édition
Cela me prendra encore un an. En août 2015, Le Vent des Lumières parait enfin en auto-édition, plus de vingt-cinq ans après avoir été commencé. Les ventes sont d’abord très timides, mais je ne m’attends pas à faire un best-seller.
Fin novembre 2015, Librinova m’obtient une mise en avant sur Amazon pour une journée (une « offre éclair »). Je me souviens avoir dit à Charlotte, la directrice de Librinova : « Si je vends dix exemplaires, ça m’ira très bien ». Lors de la vente flash, je vends plus de 600 ebooks en une seule journée. Pour la petite histoire, Le Vent des Lumières atteint la barre des 1000 exemplaires avant la fin de l’année 2015.
Sélectionné par un éditeur
Je rentre alors dans le programme agent littéraire de Librinova, grâce auquel Andrea va démarcher les éditeurs pour mon compte. Le secteur du roman historique est quelque peu bouché et les négociations sont longues. En 2017, enfin, bonne nouvelle : le directeur de City Editions a lu mon livre et il adore. Le contrat est signé, je n’en reviens pas. Mon roman va reparaître chez un éditeur, un vrai, il va être distribué en librairie !
Mon syndrome de l’imposteur s’aménage un petit cabanon dans le jardin, il en a pour quelques années. Grâce à City, mon livre va être en librairie pendant quelques semaines. Je vais même faire une séance de dédicaces chez Cultura, comme les vrais écrivains. En tout, je vendrais avec City un gros millier d’exemplaires brochés du livre. Je reprends mes droits en 2019 afin de continuer à les exploiter moi-même en auto-édition.
Au total, à ce jour, j’ai vendu près de 4000 exemplaires de ce roman (numérique et papier) et ça continue. Les retours des lecteurs sont quasiment tous positifs (il y a toujours des gens à qui ça ne plait pas, normal). On aime Éléonore, mais surtout on me réclame une suite.
Moi qui n’avait pas vraiment envisagé de donner une suite aux aventures de mon aristocrate, me voilà à réfléchir à ce qui pourrait lui arriver pendant la Révolution... Mais ça, c’est l’histoire du Sang des Lumières !
N’oubliez pas : si vous avez envie de découvrir Le Vent des Lumières, profitez de l’offre éclair le mardi 3 mars toute la journée !
Envie de réagir ? Laissez un commentaire !