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L’intérêt des corrections éditoriales pour un auteur

Certains nouveaux auteurs s’interrogent (s’inquiètent ?) de la teneur de l’intervention de l’éditeur sur leur texte une fois le contrat signé. L’éditeur va-t-il les faire modifier leur manuscrit ? Et dans quelle mesure ? La plupart du temps, la réponse est oui, mais c’est l’un des rôles principaux de l’éditeur. Pour avoir vécu ça avec ma romance médiévale publiée chez Harlequin, j’avais envie de revenir sur l’intérêt des corrections éditoriales pour un auteur ou une autrice. Et pourquoi il ne faut pas en avoir peur.

La semaine prochaine, je devrais recevoir de la part d’Harlequin les corrections éditoriales du manuscrit de ma romance médiévale. J’avoue que je suis un peu anxieuse, comme quand vous attendez un résultat d’examen…

J’avais envie de faire ce billet à la suite d’une discussion sur le groupe Facebook des Auteurs Librinova au sujet du programme d’agent littéraire. Beaucoup d’auteurs et autrices se demandaient pourquoi, une fois le contrat d’édition signé, l’éditeur entreprenait des modifications sur le texte. « L’éditeur a aimé et retenu mon manuscrit, pourquoi voudrait-il y changer quelque chose ? ».

Parce que la perfection n’existe pas en ce monde, tout simplement. Même Balzac, Zola et Flaubert ont fait des boulettes ! L’un des rôles principaux de l’éditeur réside justement dans le travail sur le manuscrit, afin de l’améliorer.

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Manuscrit autographe et épreuves corrigées de La Femme supérieure d’Honoré de Balzac (mai-juin 1837). Source : BNF, Manuscrits, N. A. fr. 6899, f. 31

L’autre inquiétude touche un peu plus à l’ego de l’écrivain : « C’est mon texte, j’en ai pensé la moindre virgule, le plus petit mot, la structure, etc. Hors de question qu’un éditeur me fasse changer quoi que ce soit ». Or, il faut savoir mettre sa fierté de côté pour écouter et entendre ce que l’éditeur nous dit (explicitement ou implicitement). S’il le dit, c’est qu’il y a une raison. Bis repetita : la perfection n’existe pas.

Les corrections éditoriales, à quoi ça sert ?

En fait, les corrections éditoriales ne sont pas là pour dénaturer votre texte, mais au contraire pour l’améliorer. C’est ma première attente envers l’édition traditionnelle, ce qui fait que ça vaut le coup d’y entrer. L’éditeur est pour moi un peu ce super bêta-lecteur qui va m’aider à polir et à peaufiner mon roman.

C’est d’ailleurs ce qui m’a beaucoup déçu dans ma collaboration avec City Éditions pour Le Vent des Lumières : il n’y a eu aucune correction éditoriale (hormis orthographique évidemment). Mais sur le fond, la forme, rien. Le principe du directeur, que je respecte, est de considérer justement que si un manuscrit lui plait, il lui plait comme il est et donc il n’y touche pas. Sauf que moi, j’attendais justement un œil neuf sur mon texte.

Les corrections éditoriales de mon éditrice de chez Harlequin sur les premiers chapitres, en septembre, m’ont rassurée sur ce point : là, il y a de quoi travailler. J’appréhende autant que j’ai hâte de recevoir celles du roman entier, car je sais que, dans tous les cas, je vais beaucoup apprendre.

Faire taire son ego d’écrivain

Même s’il ne s’agissait pas d’un éditeur, j’ai eu une première expérience de corrections éditoriales de la part d’une des bêta-lectrices pour Le Sang des Lumières. Leslie, elle aussi autrice, mais surtout correctrice professionnelle m’a rendu un travail phénoménal de relecture et de correction.

En ouvrant le fichier de mon manuscrit, j’ai eu un vrai choc : même à l’école, je n’avais jamais eu un devoir aussi bariolé de rouge, de vert, d’orange ! Ma première pensée a été de me dire « ouah, la vache, tout est à reprendre » et de laisser tomber.

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Le manuscrit du Sang des Lumières relu et corrigé par Leslie.

Et puis j’ai commencé à lire les remarques. Quand même. Histoire de voir jusqu’à quel point j’étais nulle (#syndromedelimposteur). Il y avait peu de fautes d’orthographe et de grammaire, un peu plus de conjugaison (mon point faible), des répétitions, des lourdeurs de phrases, des paragraphes trop longs, d’autres trop alambiqués.

Mais, surtout, les corrections éditoriales de Leslie avait un grand intérêt pour moi, car elle avait souligné les incohérences du scénario, les choses qui lui paraissaient incongrues, celles qu’elle avait aimé, des personnages trop fades, voire inutiles, des réactions de l’héroïne incompréhensibles eu égard à son histoire passée, etc. (« et trois pages d’etc. » comme dirait Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro).

Des suggestions, rien que des suggestions

Tout ça, et c’est le point le plus important, sans dire « tu dois faire comme ceci ou comme cela ». Car le bêta-lecteur, mais c’est aussi vrai pour l’éditeur, n’est là que pour suggérer des améliorations, pour souligner ce qui ne va pas. On reste l’auteur du texte et on a le dernier mot.

Dans les premières corrections éditoriales pour Harlequin, Emma, mon éditrice, a par exemple indiqué dans un commentaire : « Verbe trop familier, je suggère tel autre ». Elle suggère. Si j’ai envie d’en mettre encore un autre, je peux, du moment qu’il ne soit pas familier. L’éditeur, s’il est bon et qu’il reste dans son rôle, ne va pas vous imposer des choses.

Encore faut-il savoir entendre les suggestions et être ouvert. Si l’éditeur me dit que tel personnage est plat ou bien qu’il serait judicieux de rajouter tel autre, l’erreur serait de me dire que l’éditeur n’a rien compris à mon texte. Il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi mon personnage est-il plat ? Si je dois en ajouter un nouveau, quel est-il, quel rôle va-t-il jouer, que doit-il apporter à mon histoire ? Tout ça, c’est à moi de le décider.

La peur de l’écrivain débutant est de se faire « confisquer » son texte par l’éditeur. Or, celui qui tient le crayon (ou le clavier), c’est toujours moi, au final. Le roman reste mon roman, avec mes personnages, mes mots, ma façon d’écrire.

L’intérêt des corrections éditoriales : apprendre et progresser

Le fait est que j’ai beaucoup appris en recevant les suggestions de Leslie sur Le Sang des Lumières et la version finale lui doit beaucoup. L’intérêt de ces corrections éditoriales est de me permettre d’améliorer mon écriture pour la rédaction des romans suivants (car je sais où son mes points faibles) et aussi d’appréhender plus sereinement le retour d’Harlequin sur mon prochain manuscrit.

Je dis ça toute guillerette, mais je sais que le premier regard va être un uppercut. Peut-être qu’il y aura beaucoup, beaucoup de choses à retravailler et à revoir, peut-être beaucoup plus que ce à quoi je m’attends. Mais je sais aussi que le jeu en vaut la chandelle et que ce travail va me faire progresser dans mon écriture. Rendez-vous dans quelques semaines pour savoir si j’ai vu juste !

Pour aller plus loin, je vous propose cet article sur le travail éditorial par Jordane Cassidy et cet autre de Roxane Dambre sur Espaces comprises.

Et vous, quelle est votre attitude par rapport aux retours d’éditeurs ? En avez-vous déjà eu ? Dites-moi tout en commentaires !

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