Mon prochain roman, Les Lumières d’Amérique, se déroule tout début du XIXe siècle. L’héroïne de ma saga historique des Lumières, Éléonore, débarque enfin en Amérique avec sa famille, après maintes péripéties. Au cours du roman, les personnages sont associés à une grande expédition scientifique et anthropologique, celle de Lewis et Clark. C’est aussi la première traversée terrestre du continent américain jusqu’au Pacifique, en suivant le cours du fleuve Missouri.
Le contexte de l’expédition Lewis et Clark : la vente de la Louisiane
Un territoire beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui
En 1803, Napoléon vend la Louisiane aux États-Unis, après l’avoir récupérée des Espagnols grâce au traité de San Idelfonso. À cette époque, la Louisiane était beaucoup plus étendue qu’aujourd’hui et représentait 22% des USA. Elle compte alors près de 60 000 habitants, sans compter les Indiens. La moitié des habitants sont des Afro-américains (on disait des Noirs à cette époque).
À l’est du territoire s’étendent les États-Unis, donc. À l’ouest, l’Espagne a conservé la main sur les terres inexplorées qui bordent le Pacifique. Elles ne sont peuplées que d’Amérindiens et de trappeurs. La vente de la Louisiane par la France aux États-Unis ouvre la possibilité aux Américains d’étendre leur territoire jusqu’au Pacifique. Elle marque le début de la conquête de l’ouest, mais elle ne prendra de l’ampleur que plus tard, vers 1840 (l’époque « Petite maison dans la prairie », voyez ?).
En 1804, Thomas Jefferson est élu président des États-Unis. Francophile convaincu et passionné par les sciences, il est aussi convaincu que la prospérité américaine repose sur l’économie de plantations (et donc l’esclavage – Jefferson est lui-même planteur). Pour lui, le seul moyen de progresser est d’étendre le territoire. L’achat de la Louisiane va donc dans son sens. Il s’oppose en cela aux fédéralistes comme Washington ou Adams. Ils vantent l’économie industrielle et une forme de protectionnisme sans expansion géographique.
L’expédition Lewis et Clark : un rêve de Jefferson
Dès 1802, Jefferson rêve d’organiser une expédition scientifique qui traverserait les territoires espagnols pour rejoindre le Pacifique. En 1803, il confie à son jeune secrétaire particulier, le capitaine Merriwether Lewis, le soin de préparer cette expédition d’exploration des territoires nouvellement acquis. L’objectif officiel est d’étudier les tribus amérindiennes, la flore, la faune et la géologie. Officieusement, il s’agit de « chercher un passage vers l’Ouest » et préparer une éventuelle colonisation pour y développer la culture du coton. Jefferson compte trouver aussi une voie navigable connectant l’Atlantique au Pacifique, via le Mississippi, le Missouri et la Columbia.
L’idée de l’expédition est de suivre le fleuve Missouri jusqu’à sa ou ses sources. De là, il faut poursuivre par des voies navigables jusqu’à l’océan Pacifique. Cela permettrait éventuellement d’ouvrir une route commerciale entre le golfe du Mexique (et donc l’Atlantique) et le Pacifique.
Ce n’est pas la première fois que des hommes explorent l’Amérique du nord. En 1793, Alexander MacKenzie a traversé les Montagnes Rocheuses et rejoint le Pacifique. L’expédition Lewis et Clark sera en revanche la première à faire un aussi long trajet.
L’expédition Lewis et Clark : un an et demi d’explorations
Pour le seconder, Lewis s’adjoint les services de son ami William Clark. Il est à peine plus âgé que lui (une trentaine d’années) et lieutenant de l’armée américaine. Ensemble, ils recrutent une quarantaine d’hommes. Ce sont pour la plupart des soldats et quelques trappeurs et interprètes pour converser avec les Indiens.
Sur le chemin les rejoindront Toussaint Charbonneau, un trappeur canadien-français et son épouse indienne. Sacagawea, de la tribu des Shoshones, jouera un grand rôle dans l’expédition. Elle facilitera notamment les négociations avec les Indiens pour obtenir des chevaux afin de traverser la ligne de partage des eaux dans les Rocheuses.
Le trajet aller
L’expédition part le 14 mai 1804 de Saint-Louis dans le Missouri (il y a donc presque tout juste 220 ans !). Le chemin est rude puisque le bateau à quille et les canoës doivent lutter contre le courant plutôt fort du Missouri. Dans certaines zones, les marins se transformeront en bêtes de halage pour tirer les navires à la corde ! Elle stoppe pour un premier hivernage à fort Mandan, dans l’actuel Dakota du Nord, d’octobre 1804 à avril 1805.
Le 26 mai 1805, Lewis aperçoit les Montagnes Rocheuses pour la première fois. Quinze jours plus tard, il admire les grandes chutes du Missouri. En octobre 1805, ils quittent le Missouri pour suivre la rivière Columbia jusqu’à l’océan Pacifique qu’ils atteignent le 7 novembre 1805. Entre temps, ils auront abandonné le bateau à quille pour favoriser les canoës plus légers. Mais ils devront quand même les porter sur plusieurs kilomètres afin de franchir les chutes et les montagnes.
Là, l’expédition hiverne une deuxième fois, à fort Clatsop, jusqu’en mars 1806. Ils comptaient au départ revenir en bateau par la mer en débarquant ensuite au Mexique. Cependant, aucun navire n’étant en vue, ils décident de faire le chemin du retour en suivant de nouveau la Columbia et le Missouri.
Le trajet retour
Le voyage de retour est plus rapide puisqu’ils sont dans le sens du courant. Ils atteignent Saint-Louis le 23 septembre 1806, au terme d’un périple de deux ans et quatre mois. Ils ont parcouru environ 15 000 kilomètres, répertorié 178 plantes et 122 espèces et sous-espèces d’animaux.
Au-delà de l’exploit, cette expédition a permis de mieux connaître la géographie du nord et du centre des futurs États-Unis, Clark ayant dessiné de nombreuses cartes. Les hommes ont rencontré une cinquantaine de tribus indiennes et ces échanges ont favorisé le développement du commerce de la traite des fourrures, tout en accélérant le processus de colonisation qui prendra toute son ampleur vers 1840. Si vous voulez en savoir plus sur cette expédition, je vous conseille ce site très exhaustif, avec les carnets de voyage des explorateurs.
Un petit extrait ?
Dans Les Lumières d’Amérique, l’expédition Lewis et Clark tient une grande place. Elle change même le cours de l’existence de certains personnages… Mais je ne vous en dis pas plus !
Voici un petit extrait en exclusivité.
Charlotte embrassa une dernière fois son père et gagna ensuite une des pirogues où se trouvait déjà Sacagawea portant son fils sur son dos. Dès que tout le monde fut installé, Lewis donna l’ordre d’appareiller et les petits bateaux s’éloignèrent progressivement, sous le regard toujours aussi curieux des Indiens massés sur la berge. Le groupe permanent du Corps of Discovery repartait à destination de l’océan Pacifique, avec trente-deux hommes, deux femmes et un bébé, répartis sur deux pirogues et six canoës.
— Et voilà, déclara Lewis, assis derrière Charlotte. Nous sommes maintenant prêts à pénétrer dans un pays d’au moins trois mille deux cents kilomètres de large, sur lequel aucun pied d’homme civilisé ne s’est posé.
La jeune fille soupira profondément et tourna la tête en arrière une dernière fois pour tenter d’apercevoir son père sur la berge. Elle sentit une main froide serrer la sienne comme pour la rassurer. C’était celle de Sacagawea.
Les Lumières d’Amérique, chapitre 30.
J’espère que cette découverte de l’expédition Lewis et Clark vous a plu. Pour ma part, j’ai appris énormément de choses en écrivant mon roman. La parution est prévue pour cet été et si vous ne voulez rien manquer de la sortie, je vous invite à entrer dans les Coulisses en vous inscrivant à ma newsletter.
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