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L’espace du dehors

(Tableau : Philippe Bellissent, Miroir.)

Tes dehors
Fugaces
Me dévorent
Et m’embrassent
Toujours, chaque jour, encore.

Tu terrasses ou endors
Tes trésors ou tes grâces
Ces sens que tu abhorres
Ces émotions qui t’encrassent
Pour arriver sans remords, déjà mort
Là où tu trépasses.

Mais quoi ! Renie tes traces de mort
Change d’espace, change de dehors.
Les morts n’ont pas d’espace ;
Les dehors n’ont pas de traces ;
L’espace du dehors n’est pas qu’une trace des morts.

Ouvre les yeux et fait face
À ces dehors
Qui t’harassent.
Ne te renferme pas trop fort
Sur ton sublime toi. Fais place
À l’amour qui mord,
À la vie qui passe,
À l’amie qui contre toi s’endort
Et qui pour toi s’efface.

Dehors
Le monde te déplaît ; son espace
T’accorde
Avec ta mort.
Moi, je suis tes traces,
Je comprends ton espace,
Sans comprendre tes dehors.

Là où tu ne vois que glace,
Moi je vois de l’or,
Et lorsque mon cœur t’enlace
Tu ne vois qu’un corps.

Sous tes dehors vivaces,
Peut-être es-tu déjà mort ?
Laisse-moi explorer tes traces
J’en ferai un trésor
Qui remplira tout ton espace
Et animera tous tes dehors.

Pour L., 20 janvier 2003

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