Mon prochain roman, Un pont sur l’eau trouble, sort lundi prochain, le 15 fĂ©vrier. J’ai super hĂąte que vous puissiez le dĂ©couvrir ! đ Pour vous donner envie, voici quelques extraits tirĂ©s de chacune des trois parties et un cadeau tout exprĂšs pour vous : les premiers chapitres, Ă dĂ©couvrir Ă la fin de ce billet.
Un pont sur l’eau trouble, de quoi ça parle ?
Dans ce roman, on suit le cheminement d’Ariane, l’hĂ©roĂŻne, de retour Ă Saint-Nazaire aprĂšs 16 ans d’absence. Elle revient chez elle, retrouve ses parents et son petit frĂšre qui avait 7 ans quand elle est partie Ă l’Ă©tranger. Elle redĂ©couvre une famille qu’elle croyait connaĂźtre, retrouve une amie qu’elle pensait oubliĂ©e, rencontre des hommes qui la troublent. đ€”
Sa route croise et recroise celle d’Hadrien, l’Ă©nigmatique pĂȘcheur au secret si lourd Ă porter. MĂȘme si ce n’est pas le personnage principal, c’est mon personnage prĂ©fĂ©rĂ©. Et il semble que ce soit aussi celui des lecteurs… đ
Le roman Ă©voque plusieurs thĂšmes : la famille, la construction navale, les liens entre frĂšre et soeur, le couple, mais aussi la rĂ©silience et le deuil. On se balade entre Pornic et Saint-Nazaire, au pied du pont et dans les pas du Serpent d’OcĂ©an. C’est surtout un roman plein d’espoir et d’humour, positif et sensible, avec lequel j’espĂšre que vous passerez un bon moment de lecture.
Trois extraits
PremiĂšre partie : Revenir

La circulation sur le pont de Saint-Nazaire avait basculĂ© et on roulait maintenant sur une seule voie vers Saint-Brevin. La marĂ©e descendait, dĂ©couvrant les Ă©tendues vaseuses de lâestuaire entre le bassin de construction des chantiers et la berge. Ariane prit la premiĂšre sortie vers le vieux quartier de Mindin, lĂ oĂč, quarante ans plus tĂŽt, le bac faisait des rotations rĂ©guliĂšres entre les deux berges de la Loire. Elle gara de nouveau sa voiture devant la maison de ses parents et nâeut pas le temps de sonner au visiophone : sa mĂšre venait dĂ©jĂ Ă sa rencontre, anticipant lâouverture complĂšte du portail.
â Ariane, Ariane, quelle magnifique surprise ! sâexclama Sabine en serrant sa fille contre elle avec une voix rendue suraiguĂ« par lâĂ©motion. Je dĂ©sespĂ©rais de te revoir un jourâŠ
â Bonjour, maman, rĂ©pondit Ariane en souriant. Je suis tellement contente aussi !
Dâun naturel pudique et secret, Ariane nâĂ©tait pas trĂšs portĂ©e sur les effusions de joie ni les embrassades. Tout le contraire de sa mĂšre, trĂšs dĂ©monstrative, parfois jusquâĂ lâexagĂ©ration. Sabine nâavait pas changĂ© mĂȘme si elle avait pris quinze ans : câĂ©tait toujours une jolie femme, sophistiquĂ©e, trĂšs maquillĂ©e, quand bien mĂȘme elle ne sortait pas de chez elle de la journĂ©e â ce qui Ă©tait relativement rare â et trĂšs au fait de ce qui se faisait ou pas en matiĂšre de mode. Ariane nâavait jamais Ă©tĂ© trĂšs portĂ©e sur les choses « de fille » et elle savait que sa mĂšre sâen Ă©tait toujours dĂ©solĂ©e.
â JâespĂšre que tu comptes rester longtemps, ça fait tellement de temps quâon ne tâa pas vue ! fit Sabine en lâentraĂźnant vers la maison. Câest dommage que William ne soit pas venu avec toiâŠ
Ariane sâarrĂȘta sur le chemin impeccablement pavĂ© dâardoises entourĂ©es de petits cailloux blancs.
â Jâai rompu avec Will, maman, annonça-t-elle de but en blanc. Jâai aussi dĂ©missionnĂ© de mon travail. Je nâai pas lâintention de retourner au Japon.
Autant dire les choses tout de suite au lieu de tergiverser. Elle avait bien vu avec son pĂšre que ça ne servait Ă rien de tourner autour du pot. Sabine sâarrĂȘta Ă son tour et son sourire se figea, comme si lâinformation faisait son chemin dans son cerveau. InterloquĂ©e, elle dĂ©visagea sa fille puis regarda autour dâelle comme pour vĂ©rifier que personne nâavait entendu ses paroles.
Chapitre 4.
DeuxiĂšme partie : Se relever



â Bonjour !
Hadrien sursauta et leva la tĂȘte vers la voix qui venait de lâinterpeller et qui ne lui Ă©tait pas inconnue. Devant lui, se tenait Ariane, un sourire timide sur les lĂšvres. Il nâavait pas entendu sa voiture arriver.
â Bonjour, rĂ©pondit-il en continuant de retourner ses coquillages, comme si elle nâĂ©tait pas lĂ .
Ariane le regardait faire, fascinĂ©e par ses gestes sĂ»rs, amples et vigoureux, tĂ©moignant dâune excellente condition physique. Lorsquâil eut terminĂ© sa rangĂ©e, Hadrien se tourna de nouveau vers elle.
â Quâest-ce que je peux faire pour vous ?
â Je voudrais des huĂźtres pour lâanniversaire de ma mĂšre, expliqua-t-elle en essayant de ne pas bafouiller. Il paraĂźt que les vĂŽtres sont les meilleures.
â Qui vous a dit ça ?
â Thomas, le patron du restaurant de la pointe Saint-Gildas.
Hadrien sourit Ă lâĂ©vocation de son ami qui ne manquait pas une occasion de lui faire de la publicitĂ©. Il pouvait compter sur lui non seulement comme client, mais aussi comme commercial.
â La vente aux particuliers, câest le vendredi soir en hors saison, marmonna Hadrien en mettant les mains dans ses poches.
Ariane dansait dâun pied sur lâautre, manifestement mal Ă lâaise.
â Ah, je ne savais pas, je suis dĂ©solĂ©e. Tant pis pour moi, jâaurais dĂ» ĂȘtre plus prĂ©voyante. Merci beaucoupâŠ
Comme elle tournait les talons pour rejoindre sa voiture, la voix dâHadrien lâinterrompit.
â Combien vous en voulez ?
Ariane se retourna vivement, le visage illuminĂ© par un soudain sourire et Hadrien tressaillit. Pourquoi se sentait-il si Ă©mu ? Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il croyait son cĆur dĂ©finitivement mort.
â Il mâen faudrait trois douzaines.
â Quelle taille ?
Ariane se demanda si le pĂȘcheur Ă©tait aussi avare en paroles avec tous ses clients. Elle avait lâimpression de le dĂ©ranger et, en mĂȘme temps, il lui semblait quâHadrien nâavait pas envie de la voir partir tout de suite.
â Euh⊠je ne sais pas. Câest quoi les meilleures ?
Un Ă©clair passa dans lâiris bleu dâHadrien.
â Venez.
Il la conduisit dans un appentis du grand hangar agricole qui abritait ses engins de travail et lui servait de boutique. Deux Ă©tals en inox et un petit bureau avec une caisse enregistreuse composaient le mobilier de ce local rempli de caisses vides. Hadrien prit un couteau Ă huĂźtres, ouvrit une bourriche et en sortit un coquillage. Il insĂ©ra la pointe de son ustensile Ă un endroit prĂ©cis de la coquille grise et, sans hĂ©siter, pĂ©nĂ©tra Ă lâintĂ©rieur pour sectionner le muscle.
Ariane lâobservait, silencieuse, attentive Ă ses gestes. Elle pensa soudain quâelle aimait ses mains, leur dextĂ©ritĂ© et leur force pleine de douceur. Il ĂŽta la valve supĂ©rieure, vida lâeau de mer sur le sol en bĂ©ton et dĂ©tacha la chair avant de lui tendre la coquille.
â Câest de la creuse, calibre 4, plus petite, mais bien pleine. Ma prĂ©fĂ©rĂ©e.
Ariane le remercia dâun hochement de tĂȘte et porta le coquillage Ă ses lĂšvres pour prendre une partie de lâeau, avant de faire glisser la chair dans sa bouche. Elle sentait le regard inquisiteur dâHadrien qui la surveillait, comme sâil guettait la moindre faute de dĂ©gustation. LâhuĂźtre Ă©tait dĂ©licieuse, au goĂ»t de noisette, pas du tout laiteuse, ferme et iodĂ©e. Ariane ferma les yeux en retrouvant la saveur de celles quâelle avait mangĂ©es chez Thomas.
Lorsquâelle releva les paupiĂšres, le regard attentif dâHadrien Ă©tait toujours sur elle.
â Elles sont parfaites, murmura-t-elle. Je vous fais confiance.
â Trois douzaines, donc ?
â Sâil vous plaĂźt.
Hadrien se tourna vers sa rĂ©serve, saisit une bourriche vide, fourra des algues noires Ă lâintĂ©rieur puis y posa des huĂźtres en les empilant, prĂ©cautionneusement, comme sâil avait peur de les casser, alors quâelles Ă©taient faites de calcaire plutĂŽt rĂ©sistant. Lorsquâil eut terminĂ©, il posa un couvercle sur les huĂźtres et scella la bourriche Ă lâaide dâune machine spĂ©ciale. Ariane sâĂ©tait dĂ©calĂ©e vers la table avec son portefeuille Ă la main et lâinterrogea du regard.
â Ăa fera dix-huit euros.
Elle posa sur le comptoir un billet de vingt euros et Hadrien lui tendit la bourriche.
â Gardez la monnaie, murmura-t-elle. Encore dĂ©solĂ©e de vous avoir dĂ©rangĂ©.
Hadrien eut lâair dâhĂ©siter puis la regarda bravement.
â Vous ne mâavez pas dĂ©rangĂ©, câest mon travail.
Chapitre 10.
TroisiĂšme partie : RenaĂźtre



Ariane nâeut pas le temps de lui rĂ©pondre quâil avait dĂ©jĂ raccrochĂ©. Elle regarda autour dâelle, sans parvenir Ă croire quâHadrien allait venir ici juste pour parler avec elle. Il ne lui venait mĂȘme pas Ă lâidĂ©e que le jeune homme avait aussi envie de la revoir, comme si sa prĂ©sence lui laissait entrevoir la possibilitĂ© de tourner une page quâil ne se rĂ©solvait pas Ă finir de lire.
Le temps Ă©tait doux et un petit vent mutin faisait voler ses cheveux autour dâelle. Comme si elle craignait de rater Hadrien, Ariane nâosait pas bouger dâun centimĂštre et sâabsorbait dans la contemplation du serpent et du paysage alentour. Un mĂ©thanier entrait lourdement dans lâestuaire Ă petite allure, guidĂ© par des bateaux-pilotes qui semblaient ridicules Ă cĂŽtĂ© de lui. Les enfants interrompaient leurs chĂąteaux de sable ou leur baignade pour le regarder, le doigt dans la bouche, fascinĂ©s par ce mastodonte qui sâapprochait lentement du pont de Saint-Nazaire.
CaptivĂ©e par le passage du bĂątiment, Ariane ne vit pas Hadrien arriver derriĂšre elle. Il resta un moment Ă la regarder en se demandant sâil faisait bien dâĂȘtre lĂ , puis finit par se dire quâil verrait bien ce qui arriverait. Il se rapprocha encore et se pencha vers elle.
â Bonjour ! Je suis content que vous mâayez attenduâŠ
Ariane sursauta et leva la tĂȘte vers lui avant de se mettre Ă sourire en le reconnaissant. Son cĆur battait Ă tout rompre. Elle Ă©tait heureuse quâil soit vraiment venu.
â Bonjour⊠Je nâai pas lâhabitude de faire faux bond quand on me fixe un rendez-vous, rĂ©pondit-elle seulement.
Hadrien hocha la tĂȘte imperceptiblement et, dâun mouvement, sâassit auprĂšs dâelle sur le muret. Il regardait le serpent Ă son tour, silencieux, et Ariane nâosa pas lâinterrompre. Au bout dâun moment, ce fut lui qui rompit le silence.
â Quand on venait courir Ă Saint-Brevin, Sophie voulait toujours passer par ici, confia-t-il sans quitter la sculpture des yeux. Elle prĂ©tendait quâelle devait aller dire bonjour Ă son serpent⊠ça me faisait rire.
â Elle est fascinante, cette bĂȘte, renchĂ©rit Ariane avec douceur. Jâimagine que câĂ©tait le but recherchĂ© par lâartiste, mais on croirait une crĂ©ature fantastique tout droit sortie dâun livre de contesâŠ
Hadrien ne réponditpas tout de suite, plongé dans ses souvenirs.
â Peut-ĂȘtre bien que câest le cas. En tout cas, depuis quâil est lĂ , il nâa pas laissĂ© grand monde indiffĂ©rent.
Ariane se demandait comment poursuivre sans rompre le charme.
â Je ne suis pas trĂšs douĂ©e pour faire la conversation, avoua-t-elle au bout dâun moment.
Hadrien tourna la tĂȘte vers elle ; son regard bleu brillait dâun Ă©clat presque amusĂ© et il lui sembla deviner un sourire Ă travers sa barbe.
â Comme ce nâest pas mon truc non plus, on risque dâen avoir pour un moment !
Chapitre 25.
Alors, qu’en pensez-vous ? Quoi ? Vous en voulez encore ? đ€Ł
Découvrez les premiers chapitres !
Pour vous mettre encore plus l’eau Ă la bouche (et juste parce que c’est vous), j’ai dĂ©cidĂ© de vous offrir les quatre premiers chapitres đ€©. Pour les tĂ©lĂ©charger, c’est juste ici !