Les avis des bêta-lecteurs sur Le Sang des Lumières

La semaine dernière, je vous ai parlé de mon plan de bataille pour intégrer les retours des bêta-lecteurs. J’ai déjà revu mon planning car le début est plus lourd à réécrire que je ne le pensais ! Aujourd’hui je vous dévoile le contenu de ces retours… en essayant de ne pas trop en dire sur l’histoire ! Voici donc les avis des bêta-lecteurs sur Le Sang des Lumières.

D’abord, je tiens à saluer le travail de mon équipe de bêta-lecteurs. Ils ont été non seulement rapides, mais de plus très efficaces et précis. Je n’ai pas reçu les retours de tout le monde, mais ce n’est pas grave. Il n’y avait pas d’obligation de résultat non plus !

Je vous livre donc dans ce billet ce que les bêta-lecteurs ont relevé, parfois unanimement. Je vous dévoile aussi ce que j’en ai tiré comme conclusion… parfois à l’encontre des avis des bêta-lecteurs.

La précision historique

Tous ont souligné la qualité et la précision des recherches historiques… parfois à l’excès (on ne se refait pas !). Pourtant j’avais essayé de freiner mon souci du détail (déjà souligné dans Le Vent des Lumières), mais chassez le naturel…

Les historiens ont salué que « j’intègre de la complexité » dans les personnages historiques et la lecture des événements. En fait, j’avais à coeur de « démonter » certains mythes (notamment la cruauté froide de Robespierre). Je voulais faire réfléchir sur la manière dont on leur a enseigné l’histoire de France (bon, là je rêve peut-être un peu !).

=> Je vais donc alléger certaines scènes « historiques », surtout lorsqu’elles n’apportent pas forcément grand chose au récit.

L’intrigue

Tous les avis des bêta-lecteurs ont souligné le même gros point faible du début. Les personnages assistent aux événements de la Révolution, sans en être véritablement acteurs. L’un de mes bêta-lecteurs dit très justement qu’on est d’abord dans la chronique historique avant de basculer, à un moment donné, dans le roman historique proprement dit.

Vous pourriez me dire : pourquoi pas, si c’est bien raconté. Mais le propre du roman historique, c’est de raconter l’histoire d’un personnage en s’appuyant sur l’Histoire… et non le contraire. Surtout, la plupart des lecteurs faisaient état d’une vraie difficulté à entrer dans le roman, à se laisser emporter. C’est justement parce qu’on est trop dans un rôle de spectateur, assis à côté d’Éléonore pour regarder la Révolution commencer. Or les premiers chapitres sont déterminants : si on n’accroche pas le lecteur tout de suite, c’est fichu.

J’avais conscience de cette faiblesse du début. Mais j’avais l’impression d’être coincée par le foisonnement des événements de la période 1789-1792. Je ne savais pas trop par quel bout prendre ça. Ce qui me rassure, c’est que ça ne concerne que le début et pas tout le roman. Sinon je pense que j’aurais abandonné la réécriture !

=> Il faut donc que je retravaille les premiers chapitres (on va dire la moitié de la première partie) pour imaginer l’histoire d’Éléonore (et non raconter Éléonore qui assiste aux événements). Certains bêta-lecteurs m’ont donné des pistes et une discussion avec mon alpha-lectrice de compète Fanfan a débloqué ce qui bloquait. J’ai donc pas mal de travail sur le début pour inverser complètement la manière de raconter et inventer des choses qui arrivent à Éléonore (j’essaie de ne pas spoiler !).

Pour le reste, l’intrigue semble tenir la route, malgré quelques petites incohérences qui vont demander des ajustements mineurs. Certains avis de bêta-lecteurs ont remarqué que le rythme s’accélère dans la troisième partie où il y a beaucoup de rebondissements alors que la première partie est plutôt lente (mais cela tient beaucoup au problème de chronique évoqué plus haut). La correction de ce défaut devrait rééquilibrer le roman.

Il y a une scène qui a divisé les bêta-lecteurs : l’épisode de la reprise de la frégate, à la fin. Certains trouvent cet épisode génial car il montre une faiblesse d’Éléonore, d’autres l’ont trouvé incohérent et tiré par les cheveux. Là, il va falloir que je fasse un choix.

Les personnages

Pour les besoins de l’histoire, Éléonore croise des personnages historiques, comme dans Le Vent des Lumières. Sauf que là, j’ai manifestement trop exagéré le trait : à chaque fois qu’elle rencontre quelqu’un, c’est un futur personnage célèbre. Comme le dit un bêta-lecteur : « ça manque un peu de second couteaux ! ».

=> Je vais donc en supprimer quelques-uns, mais garder ceux qui sont utiles au roman (…ou au suivant !).

Certains ont aussi souligné le côté trop parfait d’Éléonore, même si elle s’en prend plein la tronche : elle est toujours là quand il faut, elle a toujours raison (ou presque), le roi la consulte comme si elle était premier ministre, tout le monde tombe amoureux d’elle… Bref, un peu trop dans le trop.

Quelques avis de bêta-lecteurs ont aussi apprécié le côté féministe d’Éléonore : c’est assez étrange, car pour moi, Éléonore n’est pas féministe. Une de mes bêta-lectrice a même regretté qu’elle ne s’engage pas plus dans la défense du droit des femmes. Sauf que ce n’est pas son combat : elle réagit comme un homme parce que c’est son caractère et parce qu’elle a été élevée comme un garçon. Mais elle n’est pas dans la revendication, mais dans l’action. C’est plus un garçon manqué qu’une féministe.

=> Je vais donc retravailler Éléonore pour la rendre un peu plus discrète (ou plutôt : juste normale) 🙂 . Je ne pense pas changer d’optique sur le côté féministe/pas féministe, mais peut-être expliciter par quelques petits épisodes pourquoi elle ne s’engage pas plus.

Le personnage d’Olivier a suscité des réactions très contrastées. Certains l’ont trouvé franchement antipathique alors que d’autres ont aimé son évolution au cours du roman. Quant aux autres personnages, ils existent à peu près bien en terme de caractérisation. Il leur manque une apparence physique et une image qui peut rester dans l’esprit du lecteur.

Un regret qui ressort beaucoup aussi : les enfants d’Éléonore qui ont un rôle trop effacé. Le roman s’ouvre pourtant sur une scène avec Alexandre qui plait beaucoup.

=> Il faut donc que je travaille sur les descriptions des personnages afin de leur donner du corps. Je pense que ce problème vient du fait qu’il s’agit d’une suite et que je connais déjà mes personnages (ce qui n’est pas forcément le cas des lecteurs). En revanche, j’aime bien le contraste sur Olivier, je pense que je vais le garder tel quel, peut-être en adoucissant certains traits de caractère qui peuvent le rendre antipathique. Quant aux enfants, je vais essayer de leur donner plus d’importance dans le récit.

L’écriture

Elle est qualifiée de fluide, enlevée, rythmée, même si mon manuscrit est encore truffé de phrases interminables, de répétitions, de lourdeurs

Là dessus, je tiens à tirer mon chapeau à Leslie qui m’a retourné une correction hyper précise de mon texte (je suis d’ailleurs partie de son manuscrit pour y reporter les remarques des autres bêta-lecteurs).

avis bêta-lecteurs sang des lumières
Quand Leslie corrige, elle ne fait pas semblant !

Je n’étais pas trop surprise de retrouver mon manuscrit tout barbouillé de couleurs, car je n’avais pas vraiment relu la forme : effectivement, je savais que j’aurais des passages à réécrire, voire à supprimer, je ne me suis donc pas trop attardée sur la forme.

C’est ce qu’on corrige en dernier, en général, une fois que le fond est fixé. Mais le travail des bêta-lecteurs va me permettre de gagner du temps sur cette étape.

En conclusion

J’appréhendais le retour des bêta-lecteurs (comme toujours, je crois !). D’une part parce qu’il s’agit d’une suite et c’est toujours un exercice délicat car il faut garder l’âme du personnage tout en renouvelant ses aventures.

D’autre part sur l’aspect historique, j’avais peur d’être inexacte ou incohérente : manifestement, j’ai encore péché par excès, au contraire, mais d’un autre côté beaucoup ont apprécié ces détails qui permettent à la fois de s’immerger dans l’époque et d’en apprendre sur elle.

Voilà pour l’essentiel des retours sur Le Sang des Lumières : c’est maintenant à mon tour de travailler pour corriger les points faibles… sans altérer la force de mon roman. J’aimerais finir mes corrections pour la fin mai. Si certains bêta-lecteurs ont envie de relire la nouvelle version pour voir les changements, faites-moi signe en commentaire ou en m’envoyant un mail !


Commentaires

16 réponses à “Les avis des bêta-lecteurs sur Le Sang des Lumières”

  1. Bon courage pour les corrections ! C’est important en effet que l’héroïne ait des faiblesses et ne soit pas parfaite ni irréprochable, en tout cas pour moi ça joue beaucoup dans ma capacité à apprécier les personnages 🙂 En tout cas c’est une chance d’avoir des retours aussi précis sur la forme et sur le fond.

    1. Tout à fait, les faiblesses du héros le rendent plus humain, plus accessible, plus « normal ». Et j’ai de la chance d’avoir une telle équipe de choc !

  2. Bon jour,
    « si on n’accroche pas le lecteur tout de suite, c’est fichu. » Cela me rappelle les mots de Françoise Giroud : « … il faut accrocher le lecteur dans les trois premières lignes … ».
    Max-Louis

    1. Je pense que les trois premières lignes, ça va. Le premier chapitre, en fait. C’est après que ça se gâte 🙂

      1. Effectivement… 🙂

  3. C’est Stephen King, je crois, qui explique dans « Mémoires d’un métier » que les travaux de recherche d’un auteur (dans ton cas, le travail historique) doivent servir de contexte à l’histoire, et non le contraire. C’est l’Histoire de France qui doit servir de contexte à l’histoire d’Eleonore, et non l’histoire d’Eleonore qui doit servir d’excuse à un cours magistral sur l’Histoire de France. Bon courage ! Je compatis : je suis moi-même en dernière phase de réécriture 😀

    1. Merci Stéphane, tu as raison. Je pense que je n’ai pas assez travaillé la scénarisation du début, en fait. Je me suis trop appuyée sur le contexte. Mais je pense avoir trouvé la solution ! 🙂

      1. Quand on se pose les bonnes questions, on finit par trouver les bonnes réponses 😉 Bon courage !

  4. Avatar de hieroglyphesetpattesdemouche
    hieroglyphesetpattesdemouche

    C’est super de voir une analyse détaillée comme ça ! Ça m’intéresse d’autant plus que j’essaie de décider si je vais aller plus loin avec mon premier roman et donc recruter des bêta-lecteurs très bientôt…
    Est-ce que tu utilises le même questionnaire pour chaque roman ou est-ce que tu le spécialises à chaque fois ?

    1. J’ai une base de questionnaire type mais que j’adapte pour chaque roman, en fonction de ce que je veux savoir. Mais à vrai dire, je laisse aussi mes bêta-lecteurs dire ce qu’ils ont à dire (quelquefois ils soulèvent des lièvres dont je n’avais même pas conscience !). En tout cas, c’est un très bon exercice et c’est précieux, ne te prive pas de bêta-lecteurs. Bon courage !

      1. Avatar de Hiéra

        Merci pour ta réponse. Comme c’est un premier roman, avec les erreurs de débutant que ça entraine, je me dit qu’il ne sera probablement pas publiable et donc que je ferais peut-être mieux d’attaquer directement un nouveau projet. Je n’avais pas considéré que même si je n’essaie pas de publier, la phase de bêta-lecture peux aussi être une phase d’apprentissage ! Merci beaucoup pour cet éclairage nouveau… (En plus j’ai la chance d’avoir des lecteurs volontaires, ce serait dommage de ne pas les utiliser 🙂 )

        1. SI en plus tu as des volontaires, ne t’en prive pas ! Je pense que tu devrais tenter quand même et aller jusqu’à la publication en auto-édition, pourquoi pas ? C’est important pour l’apprentissage aussi de se dire qu’on a été au bout d’un projet, qu’on l’a TERMINE !

  5. […] j’ai eu une conversation avec Lynda Guillemaud (que je remercie !) qui m’a fait remarquer que la phase de bêta-lecture pouvait aussi être […]

  6. J’ai sauté le pas ! (et je t’en remercie dans cet article http://hieroglyphesetpattesdemouche.com/tout-savoir-beta-lecteurs/ 🙂 )

    1. Ouiiii ! Je viens de lire (et de commenter !). Merci à toi et bon courage pour la bêta 🙂

  7. […] la troisième fois que je procède à une bêta-lecture sur mes romans (vous pouvez voir ici les retours sur Le Sang des Lumières). À chaque fois, je me félicite de le faire. C’est […]

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