Le mort du train

Le ciel est d’une noirceur de tombeau ce soir… Je n’arrive pas à me débarasser de la désagréable sensation de mort que je traîne depuis l’accident du train vendredi. La locomotive a percuté quelqu’un qui s’est jeté sur la voie dans une gare. Il paraît que ça arrive souvent… C’est comme si l’Ankou s’était accrochée dans mes cheveux et ne parvenait pas à s’en démêler… C’est effrayant et inédit à la fois.

La mort volontaire de cet anonyme me suit partout. J’entends encore le bruit sourd des débris contre le wagon, juste sous ma fenêtre ; j’ai pensé que c’était des branchages, des pierres, de la neige même… L’idée que c’était un corps disloqué m’est insupportable. Tout autour de moi, les choses ont tout à coup un parfum nauséabond de fin du monde: un accident de voiture sur la route tout à l’heure, des avions qui s’écrasent peut-être quelque part sur terre, des avalanches, cette stupide navette spatiale qui se désintègre justement hier… J’ai l’impression que tout se meurt dans ce monde insensé. Je sens des catastrophes ; il n’y a que des larmes, de la douleur, des morts…


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