Cela existait-il, une durée propre aux îles, un emploi du temps déterminé par l’arrivée et le départ du bateau, par les marées, la météo, et ceux-ci devaient-ils tout bonnement s’y soumettre ?
Les gens qui viennent pour la première fois sur l’île prennent soit le bateau du matin soit celui de l’après-midi ; ils ne souhaitent pas arriver au crépuscule ni quand il fait nuit. Du bateau du soir, on voit toujours descendre quelques visages connus, des insulaires qui travaillent sur le continent ou des vacanciers qui n’en sont pas à leur premier séjour.
Un fils de divorcée, c’est plus ou moins l’homme de la maison, celui qui sait remplacer les plombs, coller une rustine, celui qui ferme la remise à vélos et fait rire sa mère quand elle a ses bouffées de chaleur.
Ce n’était d’ailleurs pas si désagréable d’être maternée et de recevoir moult conseils qu’on n’avait pas sollicités. A la maison, il aurait été inconcevable qu’elle paresse à trois heures et demi de l’après-midi, enroulée dans une serviette de bain, une tranche de concombre fichée sur son nez brulé par le soleil, tout en écoutant les bruits du jardin, et plus inconcevable encore qu’elle soit à l’écoute de ses propres pensées.
Une île de superficie réduite a ceci de particulier : quand on ne voit pas la mer, on l’entend et quand on ne l’entend pas, on la « respire ». La mer est partout.
Non qu’il ait désappris à flirter depuis son mariage, il n’avait tout bêtement jamais su le faire. Jamais su lancer en posant une de ces phrases grâce auxquelles on noue une conversation, la teneur du propos important peu, l’essentiel étant de prononcer quelques mots qui permettent un échange de regards niais, de sourires, avant de commencer à tourner l’un autour de l’autre.
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