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La sieste assassinée / Philippe DELERM


La Sieste, Denis Foyatier.

  • Il y a ainsi des choses qu’on redoute en sachant bien qu’elles viendront quand même.
  • Ce n’est même pas de l’indifférence. Plutôt une sorte de contiguïté familière, pas désagréable, mais qui ne mène nulle part.
  • La joue droite s’incline à peine vers l’épaule. (…) C’est un geste qu’on voyait faire en couple, avant, quand l’un semblait réclamer quelque chose sans les mots, une caresse, un baiser, l’enveloppement des bras de l’autre. Un geste comme de lassitude et d’abandon, d’imperceptible bouderie mais de tristesse aussi, l’inclinaison légère de la nuque voulait dire tout ça.
  • Partout cet aveu de faiblesse, ce besoin d’une voix, d’une présence qu’on n’a pas.
  • C’est au début de l’été. Il fait très beau. La vie semblerait facile. Petit matin dans la lenteur du café chaud, soirs grenadine à l’eau dans un jardin qui se prolonge – silence, chevrefeuille et cigarette.
  • Au loin brille une mer qui pourrait mener loin. (…) Le put put put d’un chalutier qui rentre au port fait comme un battement de coeur sur le silence.
  • A l’envers des paupières, on est lové dans la chaleur, les bruits légers, l’idée de rien qui flotte. C’est comme au microscope d’autrefois un monde entre deux cils qui bouge à l’infini, immense, infime, et dans l’écran inverse, s’abolit.
  • Mais c’est ainsi que l’on est bien, les yeux juste voilés, le dos lové contre le sable chaud. Présent. Absent.

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