J’ai commencé à écrire des romans quand j’avais treize ou quatorze ans (et avant, j’écrivais des petites histoires). Mais j’ai terminé mon premier roman à vingt-sept ans et publié pour la première fois à trente. Depuis, j’ai écrit et publié huit romans, le neuvième est en cours. Et je sais que ma façon d’écrire aujourd’hui est très différente de celle d’autrefois. J’ai beaucoup appris de mes erreurs (et de mes réussites aussi). J’ai aussi changé ma manière de procéder, petit à petit. Voici trois habitudes d’auteur qui ont changé ma vie… et que vous pourriez peut-être essayer ?
Écrire (presque) tous les jours
Quand j’étais plus jeune (c’est-à-dire il y a longtemps 😅), j’écrivais quand j’en avais envie. C’était souvent le soir ou la nuit, très tard. Je me souviens avoir passé quelques nuits blanches à gratter sur des cahiers pour ne pas laisser mon histoire s’enfuir dans mon sommeil. À l’époque, on n’avait pas encore d’ordinateur à la maison et Windows n’existait même pas encore🤨 !
Parfois, je pouvais écrire tous les jours pendant de looooongues périodes. Puis rester six mois sans écrire. J’écrivais en fonction de mon inspiration, de mon temps disponible et de ce que j’étais en train d’écrire. Résultat : je commençais plein d’histoires et n’en finissais aucune.
Quand j’ai démarré ma vie professionnelle, j’ai laissé de côté l’écriture et ça a continué après la naissance de mes filles. Ce n’était pas un sacrifice, je n’avais juste plus envie d’écrire. Cette absence a duré quelques années et j’ai repris l’écriture quand l’envie est revenue.
À partir de ce moment-là, j’ai considéré l’écriture non plus comme un loisir, mais comme une priorité. J’ai essayé d’écrire tous les jours, ou presque. En tout cas, d’être régulière. Pour cela, j’ai pris l’habitude d’intégrer dans mon planning quotidien des créneaux d’écriture, comme « un rendez-vous avec moi-même ».
Depuis, mon inspiration est beaucoup moins fluctuante. Même si je n’écris pas concrètement, je prends au moins mon manuscrit en cours, comme le conseille Lionel Davoust. Je relis, je corrige, je cherche de la documentation… Si c’était à refaire, je prendrais ce réflexe dès le départ dans mes habitudes d’auteur.
Faire un plan pour mon roman
J’ai entamé beaucoup de romans et, au départ, je ne les ai pas finis. Parce que je ne savais pas où j’allais, je connaissais à peine la fin et j’ignorais même parfois quel but je poursuivais en écrivant précisément cette histoire. Je prenais la plume et j’écrivais, au fil de l’eau, sans rien prévoir ni planifier.
Souvent, j’abandonnais en route parce que je me retrouvais bloquée dans une impasse scénaristique. Quand j’ai repris l’écriture, après la publication de mon premier roman Le Vent des Lumières, j’ai ressorti mes manuscrits inachevés des tiroirs.
Je les ai restructurés totalement pour les terminer et sont devenus Oraison pour une île et Petite Mouette. Comment j’ai procédé ? J’ai fait un plan de mes romans, j’ai pensé le début, le milieu et la fin, pour savoir exactement où j’allais.
Depuis, une de mes habitudes d’auteur consiste à faire un plan de mon roman avant de commencer à l’écrire. Je ne suis pour autant pas une psychorigide du plan, car les miens sont souvent assez peu détaillés. En effet, j’en dévie souvent lors de l’écriture.
Mais je fixe dès le départ les grandes étapes et où je veux en venir. L’écriture est beaucoup plus facile depuis que je procède ainsi. Certains écrivains parviennent à écrire sans faire de plan. Ça arrive sans doute, mais je pense qu’en réalité, ils ont un plan dans la tête. C’est juste qu’ils ne le formalisent pas forcément par écrit.
Ne pas chercher la perfection
Avant, j’étais comme beaucoup d’auteurs et d’autrices débutants, je pensais que mon roman devait être parfait dès le début. Je passais des heures à chercher la tournure exacte ou le mot adéquat. J’effaçais beaucoup ou alors je n’osais pas retoucher une scène même si j’avais l’impression qu’elle était bancale.
L’écriture était très longue et laborieuse à cause de cette recherche de la perfection. La moindre vérification de détail m’embarquait dans des recherches documentaires interminables et je n’avançais pas mon manuscrit pendant ce temps.
Aujourd’hui, j’ose dire que je « bâcle » le premier jet parce que je veux juste arriver au bout et faire vivre mes personnages dans l’histoire. Ça me permet de mieux les appréhender et d’ajuster le manuscrit par la suite. Mes premiers jets sont truffés de « truc », « machin » et autres annotations pour moi-même du style « vérifier emplacement de tel lieu ».
Le premier jet est une matière brute de décoffrage que j’aime retravailler lors des réécritures, au moment où je sais tout sur mes personnages, sur l’histoire, sur les péripéties. C’est la phase où je peux au contraire prendre mon temps pour affiner et ciseler. Parfois, je dois pas mal réécrire aussi. Mais c’est le jeu.
Cette habitude d’accepter l’imperfection a changé aussi ma vie d’autrice pour savoir quand je m’arrête de corriger. À un moment donné, il faut jeter l’éponge et se dire qu’on a été au bout de ce qu’on peut faire pour tel roman. Et accepter que le premier roman ne sera pas parfait (ni le deuxième, ni les suivants).
Si j’avais des conseils à donner à quelqu’un qui débute en écriture aujourd’hui, ce serait ces trois-là. Je pense que j’aurais gagné beaucoup de temps si j’avais pris ces habitudes d’auteur dès le début !
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