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Franz et Clara / Philippe LABRO

  • Voyez comme elle a du mal à s’en remettre. Quand on pense à son allure triomphante quand elle vivait sa belle histoire. Et comment elle apparaissant, droite, les seins en avant, les hanches en mouvement, le corps entier affichant qu’elle avait fait l’amour toute la nuit, et que son homme lui avait donné du plaisir et qu’elle en avait éprouvé tant de plénitude, tant de bonheur, et que cela avait duré des heures et des heures, et comment elle avait la presque envie de nous le dire, de le clamer à la face de notre petite communauté, avec cette silencieuse et béate satisfaction sur les joues, sous les yeux, dans le dessin des cernes sous ses paupières, dans la souplesse sensuelle et placidement lassée avec quoi elle posait son coprs derrière le pupitre, en disposant délicatement la partition et cet insupportable sourire sur ses lèvres gonflées d’avoir donné trop de baisers.
  • Insensiblement, il s’était créé chez moi le début d’un semblant d’habitude — à tout le moins un désir de cette habitude.
  • Il n’y a pas de vide quand il y a de l’émotion.
  • Il a fait un geste de la main, comme l’acceptation d’une défaite, l’incapacité de se confronter à une telle aisance verbale, et surtout un tel déni des barrières de l’âge et des conventions selon quoi enfants ne peuvent pas s’adresser aux grandes personnes comme s’ils étaient eux mêmes des personnes grandes.
  • Tu m’aides simplement parce que tu es là. Parce que tous les jours, à la même heure, je te retrouve, et quand je t’ai quittée, je sais que je te retrouverai le lendemain et ça suffit à me rendre heureux.
  • Je trouve que c’est un peu déplacé de ta part, expéditif et superficiel de te servir de l’âge pour éviter l’aventure d’un amour.
  • Je n’ai plus jamais oublié le garçon sur un banc au bord d’un lac qui croyait qu’un amour impossible n’est pas impossible.
  • C’était sa faute à elle. C’est impeccable. C’est conforme à l’imperfection qui la hante — ça satisfait son insatisfaction.
  • Mais cette onde peut aussi n’intervenir que dans la durée d’un éclat de lumière — cette durée que les hommes de science et les ordinateurs évaluent en des chiffres que le plus sophistiqué des chronomètres ne peut intégrer. Ce n’est même pas le millième de seconde du cent mètres olympiques. Il s’agit de l’infinitésimal. Du vacillement.
  • « Que veux-tu faire de toi-même ?
    – Ce que tu voudras faire de moi. »
  • C’est un instant que je chéris, le nombre des années n’y changera rien, j’aime ce vacillement du jour qui fait place à l’arrivée de la nuit. Et puis, je sais ce que j’attends, je sais ce que j’entends.

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