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Édition & autoédition

Combien coûte l’édition d’un livre ?

L’édition, c’est souvent l’objectif ultime pour un auteur ou une autrice. Ce monde est pourtant assez mal connu de ceux qui écrivent un livre. Que vous vous destiniez à envoyer votre manuscrit à une maison d’édition ou que vous préfériez l’autoédition, il est intéressant de savoir le coût d’édition d’un livre. Car le business model d’une maison d’édition ou d’un auteur qui s’auto-édite est un peu le même. L’objectif, c’est d’abord de rentabiliser son investissement.

Une maison d’édition est une entreprise commerciale avant tout

J’aime bien enfoncer des portes ouvertes😅. Beaucoup d’auteurs et d’autrices pensent qu’un éditeur créé sa maison par amour des livres, pour faire découvrir des nouvelles plumes, accompagner des écrivains dans leur création… Oui, certes. Mais ça, c’est le « pourquoi » de ces maisons.

Trouver l’équilibre entre dépenses et recettes

Il n’empêche qu’un éditeur n’est pas un philanthrope qui publie pour l’amour de l’art. Sinon, ce serait un mécène. La maison d’édition, c’est avant tout une entreprise et une entreprise commerciale. Son objectif : si ce n’est gagner de l’argent, c’est d’au moins équilibrer ses comptes. Cette exigence s’applique d’ailleurs aux maisons d’édition associatives qui sont sans but lucratif (ce qui n’empêche pas de faire rentrer de l’argent).

Cela veut dire que l’éditeur va avoir un regard artistique sur votre manuscrit, certes, mais aussi un regard commercial. Et ça, c’est hyper important de le savoir et d’en tenir compte. Il va juger votre texte pas seulement sur sa qualité intrinsèque, mais aussi sur son potentiel de ventes, c’est-à-dire sa capacité à être acheté par les lecteurs.

C’est pour cette raison que des manuscrits très bons sont parfois refusés par les éditeurs. Un texte peut être excellent, mais n’avoir aucune perspective de vente. Et un très mauvais livre peut devenir un best-seller simplement parce qu’il y a un nom et un marché (je pense aux biographies de stars ou les bouquins d’hommes politiques qui sont rarement des œuvres littéraires !).

Cela peut vous paraître injuste, mais encore une fois : le but de l’éditeur est d’avoir des recettes destinées à équilibrer ses dépenses. Et ces dépenses, c’est de prendre le risque financier de publier un livre, car le coût d’édition d’un livre n’est pas anodin.

Maison d’édition, auteur auto-édité : même combat

On pourrait se dire que s’auto-éditer est une façon de s’affranchir de ces considérations bassement mercantiles (ahem). L’autoédition permet de publier votre livre, même s’il n’a aucun potentiel commercial.

Oui, c’est vrai. Mais il n’empêche que, si vous voulez avoir une démarche professionnelle, vous prendrez quand même en compte les dépenses induites. À un moment donné, dépenser 10 000 € pour vendre 10 exemplaires n’est pas tenable (sauf si vous avez de l’argent à perdre…).

La démarche est donc peu ou prou la même en maison d’édition qu’en auto-édition. La seule différence, c’est que l’auteur est son propre éditeur. Il assume donc la totalité du coût d’édition du livre. C’est-à-dire toutes les dépenses liées à la publication et à la commercialisation de son ouvrage.

Combien ça coûte d’éditer un livre ?

Publier un livre, c’est un investissement. Il est bien difficile de connaître le budget réel d’un livre pour un éditeur. Mais si vous vous éditez vous-même (c’est-à-dire en passant par l’auto-édition), on peut en avoir une idée du coût d’édition en se basant sur les tarifs connus des différents intervenants dans la chaîne du livre.

Prenons par exemple un livre de 60 000 mots (environ 360 000 signes espaces comprises), ce qui correspond à un roman standard de 300 pages, imprimé en format classique à 500 exemplaires et diffusé en librairie.

Les tarifs indiqués sont des moyennes de prix que j’ai pu trouver ça et là, ne les prenez pas au pied de la lettre !

Budget de création et de fabrication

Dans ce poste, on va comptabiliser la rémunération de l’auteur, mais aussi celle des personnes intervenant sur l’édition du livre à proprement parler : éditeur, correcteur, typographe, maquettiste, mais aussi le graphiste pour la couverture… L’étape finale, et non des moindres, est l’impression du livre.

  • Rémunération de l’auteur versée par l’éditeur : à-valoir 1500 € (c’est la moyenne, mais c’est souvent moins…). Évidemment, en autoédition, il n’y a pas d’à-valoir.
  • Travail éditorial pour améliorer le texte : 600 € (souvent un éditeur salarié de la maison, mais il existe des éditeurs freelances).
  • Corrections ortho-typographiques : 300 €
  • Création de la couverture (sans illustration) : 350 €
  • Maquette intérieure : 250 €
  • Impression et façonnage à 500 exemplaires (le tirage moyen d’un premier roman) : 4500 €.

L’éditeur (vous ou la maison d’édition) dispose donc de 500 exemplaires d’un livre qui lui auront déjà coûté… 7500 € (et je suis dans les tranches basses de tarifs !).

coût d'édition d'un livre conception
La conception, une part importante du coût d’un livre (photo Olia Danilevich).

Budget de commercialisation

Mais le boulot de l’éditeur ne s’arrête pas là. Maintenant, il va falloir les vendre, ces 500 exemplaires, pour pouvoir avoir des recettes. Ici interviennent deux acteurs majeurs généralement financés par l’éditeur : le diffuseur et le distributeur. Il faudra ajouter les dépenses de communication.

J’ai eu beaucoup de mal à trouver des montants réalistes de budget sur ces 3 postes. Ils ne sont pas rendus publics par les éditeurs, évidemment. J’ai donc fait une estimation à partir du pourcentage sur le prix public HT d’un exemplaire vendu 20 € TTC. Si certains ont des infos sur ces budgets pour compléter l’article, je prends !

  • Le distributeur est chargé de la logistique et du stockage des livres une fois imprimés. Le distributeur est rémunéré par l’éditeur sur la base des flux allers et retours. Selon le syndicat national de l’édition SNE, le coût direct de la distribution est de 12 à 14 % du prix public HT net de retours, soit 2,45 € pour chaque exemplaire effectivement vendu 18,90 €. Admettons qu’on vende 350 exemplaires, le coût du distributeur est de 860 €.
  • Le diffuseur est le représentant commercial qui démarche les librairies et points de vente pour placer le livre sur les rayons. Dans le secteur de l’édition, le terme de diffusion regroupe toutes les opérations commerciales et marketing mises en place dans les points de vente. La rémunération du diffuseur correspond à environ 5% du prix public HT (soit 0,94 € par exemplaire). Pour notre livre, le coût de diffusion pour 500 exemplaires serait donc de 472 €.
  • La promotion en tant que telle comprend l’envoi des services presse, le référencement dans les catalogues, la publicité, la présence en salon ou l’organisation de dédicaces… Là encore, le SNE estime ce budget à environ 4 % du prix public HT. Pour nos 500 exemplaires, on prévoit donc un budget de 378 €, pour des opérations de faible envergure.

Sur la partie commercialisation, il faut donc un budget de 1710 €. Ça me paraît peu, aussi je suis preneuse d’un supplément d’info sur cet aspect si vous en avez !

Le coût total pour éditer un livre

Finalement, pour un livre de 300 pages imprimé à 500 exemplaires et vendu en librairie, l’éditeur dépense 7500 + 1710 = 9210 €. Il doit donc vendre aux libraires la totalité de son stock (18,90 x 500 = 9450 €) pour équilibrer ses dépenses et dégager un petit bénéfice.

Vous comprenez maintenant pourquoi on parle de « risque financier » lorsqu’un éditeur accepte de vous éditer. Bien entendu, en autoédition, il y a plein de postes sur lesquels on peut faire des économies. Mais il est intéressant de savoir combien coûte l’édition d’un livre pour savoir de quoi on parle lorsqu’on négocie avec un éditeur (ou qu’on se lance dans l’auto-édition).

Vous avez d’autres questions sur l’édition, la promotion des livres ou la communication des auteurs ? Posez-les mois en commentaires ou en m’envoyant un message ! Je me ferais un plaisir d’y répondre dans un billet.

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