#CoulissesDuBlog3 : L’orthographe ou le sens des mots

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Le sujet de la semaine n°3 de l’événement interblogueurs #CoulissesDuBlog est consacré aux fautes d’orthographe… Vaste sujet ! Je ne prétends pas être irréprochable en la matière, mais il faut avouer que je repère rapidement les fautes. En fait, ça pique les yeux, comme on dit.

Cela dit, je n’en fais pas une affaire d’état, je suis plutôt indulgente, surtout lorsque je sais que ce sont des fautes d’inattention ou des coquilles. Là où j’ai du mal, c’est quand l’auteur ne maîtrise manifestement les règles élémentaires du français et qu’il y a des fautes toutes les trois lignes (voire, tous les trois mots !). Pour ce qui me concerne, je fais peu de fautes naturellement (merci la lecture !). Mais la perfection n’étant pas de ce monde, certaines m’échappent quand même.

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Dans mes romans, je suis vigilante lorsque je suis en phase de correction. En cas de doute, j’ai des outils : le dictionnaire évidemment (en ligne j’aime bien le Trésor informatisé de la Langue Française et le Littré), mais aussi le fameux Bescherelle (un vrai, de 1980 !) et un petit livre indispensable qui s’appelle Dictionnaire des difficultés de la langue française (Larousse). En ligne, il existe également le site Le Bon Patron qui permet une vérification de grammaire et d’orthographe rapide. Je sais qu’il existe des logiciels spécialisés de correction très efficaces comme Antidote, mais je ne les utilise pas.

J’aime les mots, ceux qui ont lu Oraison pour une île l’auront remarqué : j’aime les mots pour leur sens mais aussi pour leur sonorité, leur couleur, l’univers qu’ils portent en eux. Lire un mot déclenche dans le cerveau des images ou des émotions. S’il est mal écrit, on rate la moitié de l’effet, voire la totalité. C’est pour cette raison que je n’adhère pas trop à la réforme de l’orthographe : j’aime aussi le rapport entre l’orthographe (au sens propre : la manière dont on écrit le mot) et l’étymologie (ce que veut dire le mot). Si on écrit orthographe et non ortografe c’est parce qu’on associe les deux racines ortho (la signification grecque est droit) et graphe (dont le sens grec est écrire) : l’orthographe, c’est donc écrire droit. CQFD 🙂 .

Je trouve ainsi intéressant qu’on puisse presque deviner le sens d’un mot à partir de son étymologie… Umberto Eco s’était d’ailleurs brillamment illustré dans l’art d’inventer des intitulés de disciplines scientifiques hautement crédibles en liant des racines étymologiques (dans le livre Comment voyager avec un saumon). Je ne résiste pas à l’envie de vous retranscrire une partie de son Projet d’université d’insignifiance comparée :

IV/ Le département de tétrapilectomie, où l’on étudie l’Hydrogrammatologie, la Luchomiction, la Pyropygie, la Scatotechnie perlocutoire, l’Orchopercussion, la Sodomokinésie et l’Hellénépiphanisation

Note : Malgré les dénominations techniques (dont l’hermétisme est dû, entre autres, à des raisons de décence), le bon étymologiste saura en déduire les contenus qui sont, dans l’ordre : technique de l’écriture sur des surfaces hydriques, art de pisser dans un violon, technique de mettre le feu aux fesses d’autrui, analyse de formules comme « va te faire f… », art de s’en battre les c…, rythmique de la pénétration à posteriori, art d’aller se faire voir chez les Grecs. Par tétrapilectomie, on entend évidemment la science permettant de couper les cheveux en quatre.

L’orthographe est pour moi le sens des mots (cette phrase est d’ailleurs à double… sens !). Un mot est un signe qui fait sens et je me souviens de la découverte passionnante, quand j’étais à l’école de journalisme, de la sémiotique (notamment C.S. Pierce) en lien avec la sémiologie de l’image et des univers de Roland Barthes et Régis Debray.

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Je voulais profiter de ce billet sur l’orthographe pour remercier Catherine Choupin, autrice indépendante qui publie ses courts romans sur la plateforme Librinova (je vous en recommande la lecture, car l’écriture en est riche et délicatement ciselée). Lorsqu’elle a lu mes romans, elle m’a envoyé des corrections orthographiques, de grammaire et de conjugaison sur mes textes, tout cela avec la bienveillance qui la caractérise : ce n’était pas pour corriger mes fautes, mais pour me faire progresser. Non seulement  cela m’a permis d’être plus vigilante sur mes écrits suivants mais elle m’a aussi ouvert les yeux sur certains tics de langage et sur certains termes que l’on utilise parfois à tort et à travers (par exemple : on ne « réalise » pas une situation, on s’en rend compte).

Détail, me direz-vous… peut-être, mais comme dirait La Bruyère : « Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne : on ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. »

Et vous, l’orthographe, ça vous donne des boutons ou ça vous fait sauter au plafond ?

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Cet article fait partie de l’événement interblogueurs #CoulissesDuBlog créé par Mia, du blog Trucs de Blogueuse. Pour lire les autres participations, allez sur ce lien.

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Commentaires

7 réponses à “#CoulissesDuBlog3 : L’orthographe ou le sens des mots”

  1. Pour ce qui est de la réforme, on n’enlève les « ph » que dans les mots qui ont une racine latine et non grecque. donc orthographe reste orthographe. En revanche, les mots latins n’ont aucune raison d’avoir un « p »h qui serait en fait une faute, du coup on remet le « f » et par la-même on retire la faute. (qui est faites depuis si longtemps qu’on la croit juste, dans le genre, y’en a d’autre comme « envoirrai » à l’époque de molière devenu « enverrai » quand on l’a rapprocher du verbe voir, allez savoir pourquoi) C’est à ça que sert la réforme, à retirer de très vieille fautes, pas à autre chose… (même s’il en reste toujours)

    Sur ce, dans le fond, j’aime bien qu’il n’y ai pas trop de fautes non plus, évidemment. 😉

    « j’aime les mots pour leur sens mais aussi pour leur sonorité, leur couleur, l’univers qu’ils portent en eux. » – Merveilleuse phrase ! Les gens qui voient des couleurs dans les sons (et donc dans les mots) sont des auditocoloristes ! Je me demande de quelle couleur résonne ce mot là 😛

    1. Merci pour ces précisions, Gaufrette ! Je t’avoue que je me suis pas penchée plus que ça sur la réforme de l’orthographe (ça me hérisse le poil en fait :p ) mais s’il s’agit de corriger de vieilles fautes, pourquoi pas… Cela dit il y a quand même des aberrations énervantes.
      Auditocoloriste, c’est très joli, j’aime beaucoup ! Je suis contente d’avoir appris un mot, tiens 🙂

      1. 😀 j’apprend des millions de choses depuis que je suis retournée à la fac, j’adore ça ! Alors je partage 😉

    2. Oui, j’avais vu ça 🙂 Pour nénuphar notamment: le mot est d’origine perse et s’écrivait nénufar en français jusqu’à ce que l’académie française le transforme en « nénuphar » il y a quelques siècles. Du coup, la réforme remet juste la vraie orthographe en place 🙂

  2. Comme toi, je fais naturellement peu de fautes (grâce à la lecture et à une bonne mémoire visuelle) mais ma meilleure amie étant dyslexique et dysorthographique, j’ai pas mal réfléchi à l’orthographe.

    Si j’accorde une importance particulière aux écrits professionnels (livres, articles de journaux, documents officiels), je suis beaucoup moins fermée à des fautes sur un blog ou dans un mail. Bien sûr, quand il s’agit d’un réel manque de respect de la personne (langage SMS par exemple) ça me gêne un peu mais sinon, je préfère m’intéresser au contenu qu’au contenant.

    Je sais que derrière des fautes d’orthographe il peut y avoir un vrai mal être et que l’on ne peut pas bâillonner les gens sous prétexte qu’ils ne s’expriment pas parfaitement 🙂

    Enfin, pour ce qui est de la réforme de l’orthografe (^^), je pense qu’il n’est pas idiot qu’une langue s’adapte aux gens qui la pratiquent. À quoi cela sert d’avoir une langue que 20% des gens peuvent écrire parfaitement? Si le français était plus facile, il y aurait peut-être aujourd’hui plus de gens dans le monde qui le parleraient. Je pense que c’est une forme de peur du changement de s’attacher à l’orthographe. J’espère que mes gamins apprendront des trucs plus drôle que le coi et le cod… 🙂

    (Oups ! Désolée pour le pavé !)

    1. Pas de souci pour le pavé 🙂 Je suis un peu comme toi, quand même pas « allergique » aux fautes si ça reste raisonnable (personne n’est parfait et tant que ça ne gêne pas ma lecture, ça va). Je ne suis pas contre la réforme de l’orthographe si c’est logique et justifié (linguistiquement je veux dire, comme tu l’expliques pour nénuphar… pardon nénufar ! :p ) mais par contre je ne veux pas que la langue se dénature parce qu’on a voulu simplifier… C’est comme toujours un juste équilibre à trouver. Cela dit, comme je l’ai dit dans mon billet, je n’ai pas creusé plus que ça la réforme 🙂

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