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Comment j’utilise Antidote pour corriger mon roman

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Depuis quelques jours, j’ai attaqué la dernière relecture de mon prochain roman historique, Les Lumières d’Amérique. Pour cela, je m’aide d’un logiciel de correction que vous connaissez peut-être : Antidote. Il ne remplace pas les services de correction pro, mais je ne l’utilise pas non plus de cette façon. C’est-à-dire que je suis ma propre correctrice et je m’aide d’Antidote (ce qui est tout à fait différent). Je vous explique dans ce billet ma façon de procéder et comment j’utilise Antidote pour corriger un livre.

Pourquoi je ne fais pas appel à une correction professionnelle ?

Ce n’est pas une question de budget, car j’estime que la correction est au moins aussi importante que la couverture de votre livre. Je conseille d’ailleurs à tous les auteurs et autrices de ne pas négliger cet aspect dans leur préparation budgétaire. Et si vous cherchez des prestataires fiables et à l’écoute, vous trouverez quelques noms sur la page recommandations.

Si je me passe de correction pro, c’est parce que mon niveau en français est plutôt bon (sans me la péter, hein). Je fais très peu de fautes (à part en conjugaison, c’est mon point faible). Je m’en suis surtout rendu compte lorsqu’une de mes lectrices, par ailleurs professeure agrégée de français, m’a fait spontanément part de ses retours sur Le Vent des Lumières. Sur près de 500 pages, cela représentait finalement fort peu.

D’où ce choix de me passer d’une correction professionnelle. Pour autant, l’un des avantages de recourir à un regard extérieur, c’est de détecter ce que nous, auteur ou autrice, finissons par ne plus voir du tout. À force de lire et relire notre manuscrit, on le connaît par cœur et on saute sur des coquilles pourtant grosses comme le bras.

C’est là qu’intervient Antidote. Il me sert de regard extérieur, puisqu’il détecte à peu près tout :

  • les fautes d’orthographe, de grammaire, de conjugaison, de syntaxe…
  • les erreurs de vocabulaire (un mot mal utilisé par exemple) et les registres (familier, soutenu, injurieux…)
  • les fautes de ponctuation (y compris les espaces insécables manquantes)
  • les verbes ternes (dire, faire, être, avoir…)
  • les incohérences d’orthographe…

Et tout un tas d’autres choses sur le texte. Bref, c’est une tête chercheuse qui met le doigt sur les fautes que je ne vois pas ou plus.

corriger livre antidote
La fenêtre principale d’Antidote.

Pourquoi Antidote ne suffit pas à corriger un manuscrit ?

Je parle d’Antidote comme je pourrais parler d’autres correcteurs du marché (Scribens, BonPatron…). Ce sont des outils et, même s’ils utilisent de plus en plus une intelligence artificielle, ils n’ont pas un regard humain. Et encore moins un regard d’auteur ou d’autrice !

Par exemple, dans cette phrase :

"Elle se demanda si elle n'avait pas rêvé. Ou fait un cauchemar, plutôt."

Antidote me souligne « fait » et suggère de remplacer par « fais » parce qu’il s’agit d’un impératif. Alors que non, c’est juste que le sujet du verbe faire est en ellipse (c’est toujours elle qui fait un cauchemar).

Donc, Antidote suggère parfois (souvent) des corrections qui n’ont pas lieu d’être. Si vous n’êtes pas très bon en français, vous risquez de créer des fautes là où il n’y en a pas (ce qui est encore pire). Dans ce cas, le recours à une correction professionnelle est vraiment impérative (j’insiste).

Ma façon d’utiliser Antidote pour corriger mon manuscrit

Le logiciel très complet et on peut vite s’y perdre. Pour ne pas gaspiller mon temps et être efficace, voici comment j’ai procédé pour relire et corriger le manuscrit de mon livre avec Antidote.

Passer le correcteur à la toute dernière relecture

Tous les spécialistes de la correction vous le diront : ce n’est pas la peine de corriger un manuscrit qui n’est pas terminé. En édition classique, c’est pareil. On corrige en tout dernier, juste avant de passer au maquettage et à l’impression. À quoi ça sert de passer du temps sur un mot, une phrase, voire un paragraphe qui ne vont pas être conservés dans la version finale ?

Attendez donc d’avoir fait lire, relire, bêta-lire et re-relire votre manuscrit avant de vous attaquer à la correction. Vous y gagnerez du temps et de l’argent.

Commencer par les erreurs « simples »

Antidote range les détections en trois grandes familles, décomposées en plusieurs catégories :

  • langue (orthographe, grammaire, syntaxe…)
  • typographie (ponctuation, espaces…)
  • style (vocabulaire, phrases longues ou courtes, présence d’adverbes, verbes faibles…)

Quitte à me contredire avec ce que je viens d’exposer, je procède petit à petit, même si ça m’amène parfois à corriger des choses plusieurs fois. Je m’explique : Antidote isole les éléments à corriger par catégories (vocabulaire, orthographe, ponctuation…). Mais corriger une erreur d’orthographe ne va pas, par exemple, corriger un « verbe faible ». Je devrais donc repasser sur ce même terme lorsqu’il faudra rectifier les verbes faibles.

J’appelle des erreurs simples ce qui relève du normatif : la langue suit des règles d’orthographe, de conjugaison, etc. et il n’y a pas (trop) de questions à se poser. Je commence par la typographie et je poursuis par les erreurs de langue. Ce sont souvent des coquilles (dans mon cas), mais aussi des erreurs d’inattention. C’est simple et rapide à corriger (j’ai revu l’ensemble des erreurs de cette famille en 3h de temps).

Terminer par les erreurs de style

Je garde ce morceau pour la fin, car c’est grâce à ça que je peux vraiment améliorer le style de mon roman. En effet, Antidote souligne tout ce qui peut nuire à la qualité du texte. L’idée, c’est de le peaufiner, atténuer les lourdeurs et enrichir le texte. Et là, tout mon cerveau d’autrice est en alerte et doit travailler (car Antidote suggère rarement des améliorations pour corriger votre livre).

Voici ce qui est souligné dans cette section :

  • les répétitions, y compris dans le champ sémantique (mots de la même famille)
  • les tournures passives, impersonnelles (les « on »), négatives, participiales (les fameux participes présents en -ant !) et les phrases non verbales
  • le vocabulaire (les pléonasmes, les niveaux de langue, les régionalismes et surtout les verbes ternes)
  • la lisibilité (phrases longues, cascades de compléments, mots longs, mots rares…)
  • l’inclusivité (utilisation de mots genrés, accords pronoms, doublets…).

C’est ce qui prend le plus de temps, mais aussi ce qui est le plus intéressant. En tout cas, moi, je me régale en ce moment avec cette partie.

J’espère que cette visite dans mon cerveau sur la manière de corriger mon livre avec Antidote vous a intéressé. Je vous rappelle que vous pouvez retrouver plein plein de conseils gratuits pour publier et promouvoir votre livre dans la newsletter Comm’Un Roman. Et partez faire un tour sur la page recommandations pour découvrir des contacts de talentueuses relectrices-correctrices (oui, il n’y a que des dames, pour l’instant !).

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