Dans « écrire », il y a « cri ». Cri de douleur ? Cri de bonheur ? Jouissance dans l’écriture de sa souffrance ? Ou souffrance dans l’écriture de la jouissance ? La sensualité est dans mes mots. Mes émotions sont dans mes sens. Divine surprise dans le piteux rayon poésie de ma piteuse bibliothèque de quartier : un Rilke, arrivé là on ne sait comment, une vieille édition au papier jauni sous une couverture en carton vert, magnifiquement vieillot, à l’odeur poussiéreuse des greniers oubliés recelant des trésors perdus. Je lis les « Poèmes à la nuit »…Lire la suite[Bribes] Dans écrire, il y a cri
Je viens de finir ce très beau livre d’Hermann Hesse, qui m’éveille des pensées surprenantes. Il n’aurait pas fallu que je le lise avant : c’eut été trop tôt sans doute et n’aurait provoqué en moi qu’une lassitude ou, au mieux, un intérêt lointain pour l’aspect utopique… L’histoire m’interpelle à bien des égards en ce moment et j’avoue qu’en même temps ma lecture est quelque peu « orientée » dans le sens où je cherche des réponses, des solutions à mes questions et à mes doutes. Cela dit, n’est-ce pas cette quête qui pousse à lire ? Parfois je m’arrêtais…Lire la suiteSur « Le jeu des perles de verre » (Hermann HESSE)
Inspiration
Les heures assassines ont tué mon inspiration. Tout à l’heure, mes mots foisonnaient, mais une répétition de théâtre a enfouit mes songes, emmêlé mes phrases et plus rien ne s’ordonne pour créer du sens. J’écris quand même, un texte insensé, donc, dénué de sens, sans raison, juste des mots pour pallier une absence. Depuis hier, je m’amuse avec les assonnances, les dissonnances, les ressemblances… fragrance… romance… souffrance. Les idées s’associent étrangement en se répondant les unes aux autres dans l’esprit au repos, quand la vigilance de la raison ne contrôle plus son flot de pensées. Ecrire pour ne rien dire,…Lire la suiteInspiration
Chat
Cléopâtre – dite Cléo – la chatte, dort entre l’écran de l’ordinateur et le clavier. Il fait froid, elle cherche la chaleur. Quand elle s’étire, elle pousse mon clavier et je râle ; alors elle bouge les oreilles d’un demi-poil, signe qu’elle m’a entendue, mais ne se range pas d’un centimètre, signe qu’elle se fiche pas mal de mes remontrances et qu’elle-était-là-avant-moi-d’abord. J’adore les chats et cette façon flegmatique qu’ils ont de te considérer avec hauteur, l’air de te prendre pour le dernier des êtres vivants intelligents – « peuh ! tu ne sais même pas chasser ! ». Tout…Lire la suiteChat
Succédanés
C’est difficile d’écrire des sensations, des ressentis, des émotions ; on peut les évoquer seulement, mais alors est-ce qu’on éveille la même sensation chez celui qui lit ? Décrire une caresse, même si on l’imagine en même temps qu’on la lit ou qu’on l’écrit, n’éveillera jamais les mêmes sensations que la caresse elle-même… sans parler de l’aspect émotionnel de la chose. C’est comme pour la musique : les frissons qu’elle nous procure sont indescriptibles. On essaye de mettre des mots sur l’émotion qu’on ressent, mais ce n’est jamais qu’un succédané. Est-ce qu’on pourra jamais décrire un sentiment ? L’amour, on…Lire la suiteSuccédanés
Je suppose que c’est comme la première cigarette pour les fumeurs, c’est celle-là la meilleure. La cafetière répand son arôme corsé dans toute la maison avec un sifflement liquide. J’aime préparer le café, le faire calmement, en comptant chaque geste, chaque parfum, chaque son : replier les bords du filtre, l’humidifier un peu pour sublimer l’arôme, compter les doses de café… Je regarde les premières gouttes qui tombent au fond de la verseuse, comme des larmes de sang noir, en embuant la paroi. C’est parti. Maintenant, la tasse est entre mes mains, brûlante, fumante ; ça sent bon. Le café…Lire la suite[Bribes] Le premier café du matin
Ave Maria
blié le 26 décembre 2002 J’écoute l’Ave Maria de Schubert… C’est beau à pleurer. J’ai retourné ce matin toute la maison pour retrouver mes vieux classiques oubliés dans un coin. C’est bête, la musique classique réveille des élans mystiques quelque peu incongrus chez une cartésienne comme moi. Je me rappelle une promenade anodine, il y a une semaine ou deux, en compagnie de deux générations de filles, durant laquelle nous avons trouvé une de ces petites chapelles si courantes en Bretagne, perdue au bout d’un chemin, avec une petite source, une statue de la Vierge et des centaines d’ex-voto. C’était…Lire la suiteAve Maria
Loch Ness
Ce matin, le château médiéval sur ma route baignait dans une brume qui lui donnait une apparence quasi-irréelle. On aurait dit qu’il flottait. Je me suis retrouvée en Ecosse, au pied du Loch Ness. Il y a des jours comme ça où un rien me fait trouver le monde magnifique ; alors un espoir fou m’envahit, me porte, m’enlève et je souris au ciel, quelle que soit sa couleur. J’aimerais seulement retrouver ce regard enchanté qu’on les enfants quand ils bâtissent des châteaux de sable. Moi je sais que la mer les détruira à la marée montante en les recouvrant…Lire la suiteLoch Ness
Tu es comme le granit. A la fois unique et multiple par ses teintes toutes différentes : ocre, gris, rose… Rugueux à l’état brut, quand il affleure la terre juste au moment où la mer et le vent s’apparient pour transformer la roche en sculpture complexe. Lisse quand on le polit, il ne révèle sa couleur qu’à qui y consacre du temps, de l’attention, de l’affection… et la main glisse alors sur une surface brillante, douce, froide. Austère, massif, rigide, comme un défi aux éléments, il dégage une puissance intemporelle, séculaire, millénaire… Pourtant, le coeur est tourmenté, torturé, résultant de…Lire la suiteTu es comme le granite