Une autrice m’a posé un jour cette question et j’étais un peu embêtée pour répondre. En effet, pour ce qui est de l’édition classique, c’est plutôt la maison d’édition qui choisit un manuscrit. Bien sûr, on peut choisir de n’envoyer son manuscrit qu’à des maisons d’édition classiques et d’attendre leur réponse. On peut aussi choisir aussi de se passer d’elles et de passer directement par l’autoédition. Peut-être en espérant que son livre soit repéré un jour par un éditeur (et la boucle est bouclée ! 🥲). En réalité, vous n’avez pas forcément besoin de choisir entre autoédition et édition classique.
Choisir l’édition classique pour son manuscrit
Passer par une maison d’édition permet d’avoir une certaine reconnaissance et d’être distribué plus facilement en librairie. Mais l’édition classique est assez inaccessible, les revenus sont des cacahuètes (même pas grillées et salées) et le temps très long (pour le processus d’édition) et très court (pour la durée d’exploitation).
L’édition classique : la reconnaissance (très sélective) des pros
La première raison pour laquelle un auteur ou une autrice choisit l’édition, c’est pour avoir une reconnaissance de la part d’un éditeur. Voir son manuscrit sélectionné et retenu pour être publié par une maison d’édition, c’est une sacrée satisfaction. Votre syndrome de l’imposteur va se planquer dans la cave pour un certain temps (c’est du vécu 🥹).
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la sélection s’effectue sur des critères parfois très éloignés de la littérature en soi. En effet, l’éditeur prend un risque financier en choisissant votre manuscrit, il faut donc qu’il s’assure de pouvoir rentrer dans ses frais. En clair : il faut que votre livre soit commercialement rentable.
Comme pour un concours, la sélection en édition est très très importante et certaines maisons d’éditions sont carrément hors de portée des nouveaux auteurs. D’autres publient facilement de nouvelles plumes, parfois en passant par des concours ou des appels à textes.
Si vous choisissez l’édition, n’oubliez pas cet aspect et préparez votre dossier de soumission aux petits oignons. Vous devrez notamment bien vérifier que votre livre correspond à la ligne éditoriale de la maison (n’envoyez pas un polar à un éditeur qui ne publie que de la fantasy).
Attendez-vous aussi à des délais de décision très très longs : au minimum six mois pour les comités de lecture, voire plusieurs années. Méfiez-vous des maisons qui répondent en trois semaines, ce sont souvent des éditeurs à compte d’auteur.
L’édition pour être en librairie… mais pas longtemps
Le deuxième avantage qui pousse à choisir l’édition est de pouvoir diffuser son livre en librairie. C’est aussi possible en autoédition, mais beaucoup plus limité. L’éditeur passe en effet par des sociétés de distribution et de diffusion qui garantissent la présence de votre livre sur les rayons des librairies et autres points de vente.
D’expérience, je vous assure que voir son livre dans les Cultura, la Fnac et même au supermarché du coin, ça fait quelque chose ! Là aussi, le syndrome de l’imposteur va se rhabiller pour un moment.
Le problème, c’est que l’exploitation en librairie par les maisons d’édition est relativement courte. Le livre reste en rayon entre un et trois mois au mieux, avant d’être remplacé par les nouveautés suivantes. Les exemplaires continuent d’être distribués, mais souvent sur commandes ou sur Internet. Si le livre a bien marché, il peut avoir une seconde période de diffusion en poche.
Choisir l’édition pour se concentrer sur l’écriture, au détriment des revenus
Vous pouvez aussi choisir de confier votre manuscrit à un éditeur classique pour ne pas avoir à gérer tous les aspects techniques et commerciaux du livre. Vous vous occupez d’écrire, l’éditeur se charge du reste : le pied, non ?
Cependant, cela a un coût. D’abord, comme c’est l’éditeur qui prend tous les frais à sa charge, vous lui cédez vos droits d’exploitation en contrepartie desquels il vous verse des droits d’auteurs. Mais ceux-ci sont souvent peu élevés (8 à 12% du prix public hors taxes), soit environ 1,50€ pour un livre vendu 19€ TTC.
Ensuite, en cédant les droits d’exploitation, on autorise l’éditeur à faire ce qu’il faut pour vendre le livre correctement. C’est donc lui qui a généralement le dernier mot sur la couverture, le titre, le résumé… même si dans les faits l’auteur est souvent consulté (et écouté). Mais il faut avoir conscience que vous ne maîtriserez pas tout.
Choisir l’autoédition pour son livre
En autoédition, l’auteur remplit lui-même les fonctions d’éditeur. Il conserve donc une entière maîtrise sur son livre, avec des revenus plus intéressants et une durée raccourcie, mais au détriment de beaucoup de travail et d’une distribution plus aléatoire.
L’autoédition : maîtrise et liberté totale
En autoédition, l’auteur assure toutes les facettes de la création, conception, fabrication et commercialisation de son livre. Attention, ça ne veut pas dire qu’il doit tout faire tout seul. Il peut (et même il doit) s’entourer de professionnels compétents dans chaque domaine pour s’assurer d’un rendu, justement, professionnel. N’oublions pas que la première critique faite à l’autoédition est l’amateurisme.
L’avantage, c’est que vous maîtrisez tout, les choix éditoriaux comme le planning de parution. Vous pouvez garder votre titre et votre couverture, etc. Vous faites ce que vous voulez, tant que c’est légal (et commercialement rentable).
Plus de travail, pas forcément plus de revenus
Les auteurs qui choisissent l’autoédition et non l’édition vantent surtout le fait qu’ils touchent la totalité des revenus liés à leurs livres. Oui et non. Le pourcentage se situe plutôt entre 30 et 70 % selon la plateforme de vente. Par ailleurs, on a vu que tout faire soi-même était difficile et souvent peu intéressant. Cela demande du temps et beaucoup de travail.
Le mieux est donc de déléguer certaines tâches à des professionnels, notamment les plus stratégiques : la correction, la création de la couverture, la distribution…
Tous ces postes ont un coût qu’il ne faut pas négliger. Donc, certes vous allez gagner plus de redevances en auto-édition… mais vous aurez aussi plus de dépenses qu’en passant par un éditeur. Il faut en être conscient !
Une distribution plus compliquée en autoédition
Les maisons d’édition ont les reins suffisamment solides (en tout cas les plus importantes) pour avoir recours à des distributeurs et des diffuseurs. Leur rôle est de faire en sorte que les livres soient présents dans les points de vente. Un distributeur prend un pourcentage sur le prix de vente pour faire son travail et le diffuseur aussi (le diffuseur est le commercial, celui qui vend les livres aux librairies).
Quand on est autoédité, c’est très difficile d’avoir recours à des distributeurs et encore plus à des diffuseurs. Ces derniers n’acceptent généralement pas des volumes trop petits. Or, en autoédition, vous optez souvent pour l’impression à la demande, voire le numérique seulement.
Reste la solution de démarcher les librairies soi-même pour mettre en place des dépôts-ventes. Mais cela a deux inconvénients :
- cela demande du temps et de la force de persuasion, les libraires n’étant de plus pas forcément très ouverts aux autoédités ;
- la diffusion restera quand même très restreinte aux points de ventes que vous aurez pu accrocher (fatalement, vos ventes seront aussi limitées).
Comment faire pour choisir entre autoédition et édition ?
Au vu de tout ça, vous allez me dire que vous n’êtes pas plus avancé. En fait, il n’y a pas de solution meilleure qu’une autre. Et surtout, elles ne sont pas incompatibles.
Choisir en fonction de ses objectifs et de ses contraintes
En soi, il n’y a pas de meilleur choix entre autoédition et édition. Il faut d’abord que vous sachiez ce que vous attendez de la publication et donc de vos objectifs en tant qu’auteur ou autrice.
Choisissez l’autoédition si :
- vous voulez maîtriser la publication de votre livre de A à Z ;
- vous avez du temps et du budget à y consacrer ;
- vous avez les compétences techniques (ou avez envie de les acquérir) ;
- vous souhaitez simplement partager vos écrits sans avoir forcément un objectif de reconnaissance ou être en librairie ;
- ou si vous voulez avoir un complément de revenus avec la vente de livres.
En revanche, préférez l’édition classique si :
- vous avez besoin d’être légitimé par un éditeur ;
- vous voulez distribuer votre livre en librairie au format papier ;
- vous n’avez pas envie de mettre les mains dans le cambouis et souhaitez vous concentrer sur l’écriture ;
- vous n’avez pas forcément un objectif de rémunération.
Autoédition vs édition : ne pas choisir ?
Choisir entre les deux devient de plus en plus un faux problème. De plus en plus de passerelles existent entre l’autoédition et l’édition classique.
D’abord, l’autoédition s’est largement professionnalisée et perd petit à petit sa mauvaise réputation de déversoir pour auteurs refusés par les éditeurs. De plus en plus, l’autoédition est la première option prise par les écrivains qui n’envisagent même pas l’édition classique.
Par ailleurs, l’autoédition est bien moins cloisonnée et rigide que l’édition classique. Elle permet à des auteurs édités de publier d’autres manuscrits qui n’entrent pas dans la ligne éditoriale de leur éditeur habituel. Stephen King est l’exemple le plus connu, mais il en existe plein d’autres.
Enfin, les éditeurs eux-mêmes n’hésitent plus à faire leur marché dans les rayons des autoédités. Agnès Martin-Lugand est l’exemple le plus connu, mais on peut aussi citer Laure Manel, Aurélie Valognes, Carène Ponte… Des plateformes comme Librinova ont fait le choix de favoriser ces passerelles entre autoédition et édition.
Se poser la question de quoi choisir entre autoédition et édition classique est légitime, mais cela dépend donc de vos objectifs et de vos souhaits. L’autoédition est souvent plus rapide et plus rémunératrice, mais l’édition classique reste une valeur sûre. Quoi qu’il en soit, ne perdez pas de vue que les deux sont compatibles : mon roman Le Vent des Lumières a commencé en autoédition, avant de connaître une belle carrière en édition puis de revenir en autoédition !
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