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Écriture & organisation

Comment améliorer sa technique d’écriture

Dimanche dernier, dans l’infolettre destiné à mes lecteur·ices, j’évoquais ce que j’avais appris de l’écriture de Roman 8. Au fil des romans, j’ai en effet pu améliorer ma technique d’écriture, vérifiant l’adage populaire (« C’est en forgeant qu’on devient forgeron »). Au début, j’écrivais beaucoup au fil de la plume, sans forcément de structure ni même d’objectif. Je suivais mon intuition. Ce n’était pas forcément mauvais, mais souvent brouillon. Aujourd’hui, je structure beaucoup plus mes romans avant de me lancer dans le premier jet et mon écriture est plus « maîtrisée ». J’avais envie de partager avec vous comment j’ai amélioré ma technique d’écriture au fil du temps.

Préparer le premier jet

Gagner du temps à l’écriture

Quand j’étais plus jeune et romancière débutante, je ne concevais pas de faire un plan pour écrire mes romans. Je n’en avais pas envie et je trouvais ça trop scolaire (à ma décharge, je bouffais du plan déjà dans tous mes cours de français, d’histoire-géo et de philo🥲!). Pour la fiction, je laissais donc libre court à ma plume, explorant les sentiers buissonniers sans me préoccuper de la destination, de la cohérence ou même de l’intérêt de ce que j’écrivais.

En effectuant la réécriture de Roman 8, je me suis rendue compte d’une chose. Alors que je pensais ma structure bancale et mes péripéties pas terribles, il s’est avéré que tout tient la route (les bêta-lecteurs semblent le confirmer !). La raison en est toute simple : j’ai très bien planifié l’enchaînement de toutes mes scènes. À l’écriture, tout a donc été plus facile, car je savais exactement où j’allais.

planifier roman gantt

C’était tout le contraire avec le roman précédent : pour Un pont sur l’eau trouble, j’avais fait un premier plan. Mais, à l’écriture, celui-ci a été complètement bouleversé, tout simplement parce que l’écriture m’a révélé ce qui clochait. La fin prévue ne collait plus avec le début ni le milieu, les personnages n’étaient pas cohérents, bref… ça ne fonctionnait pas. J’ai perdu du temps, car il m’a fallu reprendre les deux tiers du roman pour remettre de la logique.

La leçon : bien travailler la structure du roman avant d’écrire

David Meulemans, dans l’atelier d’écriture Draftquest que j’ai suivi en 2014, martelait : « Les trois éléments essentiels pour faire un bon roman, c’est : 1) une bonne histoire, 2) une bonne histoire, 3) une bonne histoire ». À l’époque, j’ai trouvé ça drôle en me disant qu’il exagérait un peu pour nous faire travailler, mais je dois avouer qu’il avait raison.

L’histoire, c’est le pilier de votre roman. Si on compare à une maison, ce sont ses fondations et son ossature. Si elles ne sont pas correctement effectuées, la maison s’écroule ou ne tient pas sur la durée. Alors que je démarre la réflexion sur mon neuvième roman, j’ai déjà décidé que je ne commencerais pas l’écriture tant que je n’aurais pas un plan solide, structuré et qui fonctionne.

Un plan qui fonctionne n’est pas nécessairement très détaillé. Mais il doit comporter :

  • un fil conducteur ou la quête du héros (mais ce n’est pas forcément sauver le monde 😊)
  • une situation initiale, un incident déclencheur et des péripéties
  • une résolution qui « ferme toutes les portes », c’est-à-dire qui répond à toutes les questions que les héros ont pu se poser pendant le roman.

Ma technique pour améliorer l’écriture : le synopsis de travail

Pour vérifier que mon plan fonctionne, j’ai une astuce toute simple. Je l’ai « découverte » en l’expérimentant pour la première fois en travaillant sur ma romance historique pour Harlequin. Avant d’écrire le premier jet, je devais en effet faire valider par l’éditrice le synopsis du roman. J’ai donc rédigé un texte qui racontait, sans fioritures ni figures de styles, ce qui se passait dans chaque scène. Je décrivais à chaque fois les actions des héros, ce qu’ils pensaient et comment ils se sentaient. Cet exercice a un intérêt énorme : vous voyez tout de suite où ça ne colle pas (et donc vous pouvez corriger tout de suite).

Une fois que j’ai mon fil conducteur et mes différentes étapes, je rédige donc un synopsis de travail qui raconte chaque scène comme je le ferais à un ami. D’ailleurs, l’idéal est de faire relire ce texte à quelqu’un d’extérieur, que moi j’appelle alpha-lecteur, qui va pouvoir poser des questions-qui-tuent. Celles qui semblent innocentes, mais qui remettent tout votre plan en question !

Améliorer sa technique d’écriture en écrivant sans se retourner

La deuxième façon d’améliorer ma technique d’écriture, c’est de savoir écrire sans revenir en arrière et sans s’arrêter sur un détail. Avant, j’avais le réflexe de peaufiner mes phrases au premier jet, de faire des recherches au fil de la plume et de vérifier des choses au moment où je l’écrivais.

Pour Roman 8, j’ai écrit sans m’arrêter, en tout cas sur le texte. Concrètement, ça veut dire que j’ai :

  • laissé des fautes d’orthographe, des tournures pas jolies, des phrases immenses ou des trop courtes ;
  • mis des mots en anglais, des verbes faibles ou des « trucs » et des « machins » sans me demander comment dire ça plus joliment (l’essentiel était que l’idée y soit) ;
  • résumé des paragraphes entiers en une ligne parce que je devais faire des recherches documentaires.

Je me suis aussi mis des notes à moi-même au cours de l’écriture (par exemple, des « creuser la description », « revoir la réaction d’untel » ou « faire des recherches sur tel thème »).

Mes notes à moi-même pendant l’écriture, dans Roman 8.

Le but de l’opération, c’est de ne pas se bloquer pendant l’écriture et d’avancer, tout en ayant conscience des choses qui seront à revoir plus tard. C’est écrire avec son œil d’auteur en laissant de côté son regard d’éditeur. Ainsi, j’ai gagné énormément de temps et à double titre :

  • pendant l’écriture, car je n’ai pas été détournée dans mon inspiration ;
  • pendant la réécriture, car je savais exactement à quel endroit je devais porter mon attention.

Bref, c’est tout bénéf ! Au début, ça demande un peu d’exercice, mais on s’y fait très vite. Et je vous assure que ça change aussi beaucoup l’expérience d’écriture.

Améliorer son écriture en respectant les temps de pause

Permettre aux idées de mûrir

J’aime bien cette technique pour améliorer son écriture parce qu’elle n’est pas si courante. Quand on me demande combien de temps il me faut pour écrire un roman, je réponds entre 18 mois et deux ans. D’abord parce que je ne fais pas que ça, mais aussi parce qu’il me faut ce temps de maturation pour arriver au bout.

L’autre jour, je discutais avec ma copine graphiste de Roman 8, qu’elle a bêta-lu, à propos d’une scène qui lui semblait bancale. On a cogité toutes les deux et il en est ressorti une nouvelle manière d’aborder la scène. Il faut donc que je la réécrive (et les suivantes, par voie de conséquence). Mais je ne me suis pas précipitée sur mon manuscrit pour le faire « tant que c’était chaud ». Au contraire, je me donne quelques jours, pour que cette idée marine dans mon cerveau, se bonifie… ou se désagrège d’elle-même.

Je fais la même chose dans mon activité professionnelle. J’ai par exemple mon idée de formation pour auteurs, mais je la laisse mûrir tranquillement sans vraiment travailler dessus.

Le temps de ruminer pour améliorer sa technique d’écriture

Il est important de se laisser le temps et de donner du temps à votre idée de roman de mûrir. Certains auteurs appellent cela le temps de ruminer. et je trouve le terme bien choisi. Ruminer, c’est mâcher, remâcher, re-remâcher, jusqu’à ce que l’herbe soit bien digeste pour être correctement assimilée par l’organisme. Je fais pareil avec mes idées de romans.

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Une idée de roman, ça se rumine ! (photo Viktor Lundberg sur Pexels).

Un autre exemple : le fil conducteur de la suite de ma saga des Lumières avec Éléonore est dans ma tête depuis quasiment la parution du Sang des Lumières (2018). J’aurais pu me mettre sur l’écriture du tome 3 dès cette période. Mais ce n’était pas suffisamment mûr ni ruminé. Là, quatre ans et deux romans après, c’est prêt, je m’y mets et c’est presque évident !

Tout ça pour dire : laissez-vous le temps d’écrire votre roman, mais laissez aussi votre premier jet reposer quelques temps avant de le relire et de le retravailler. Vous aurez ainsi un regard plus neuf et plus efficace. Quand mon roman part en bêta-lecture, je n’y remets plus le nez jusqu’au retour des BL et je travaille sur un autre roman.

Il existe encore plein d’autres façons d’améliorer sa technique d’écriture. C’est d’ailleurs tout l’intérêt, à chaque roman, on se perfectionne et on devient meilleur. Partagez vos techniques en commentaires, si vous le souhaitez. Et si ce billet vous a été utile, partagez-le sur Pinterest ⬇️ !

2 réponses sur « Comment améliorer sa technique d’écriture »

Bonjour Lynda ! Quel plaisir de te suivre. Tu nous apportes toujours des idées efficaces et motivantes… Continue !

Merci beaucoup John ! Je suis toujours ravie que mes billets apportent quelque chose ! 🙂

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