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Rêver son réel, réaliser ses rêves

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Je reste sur mes ressentis du jour, ni tempérés par la relecture, ni sublimés par le recul. Juste la sensation délicieuse d’un badinage agréable, soie légère, dentelle délicate, mousseline vaporeuse.

J’y ajoute l’odeur mouillée d’un thé vert, le parfum ambré sur fond de miel d’un bâton d’encens, la lueur indirecte de la lampe de bureau, un filet de musique sacrée – Miserere d’Allegri – et me voilà partie dans les sphères de l’imaginaire… Certains pensent que le rêve est par essence improductif et donc inutile. Peut-être raconterais-je un jour comment un rêve fut mon plus propice aiguillon à l’écriture – sans doute ce que j’ai produit de mieux jusqu’à présent.

Je me suis souvent reprochée de vivre intensément des relations réelles avec des êtres imaginaires – les personnages de mes romans. Ils m’ont tour à tour habitée, exploitée, quittée, mais ils m’ont tous transcendée aussi ; je les ai tous aimés, désirés, fantasmés, je les ai même projeté sur des personnes réelles – non pas pour qu’ils m’apportent amour ou tendresse, mais pour qu’ils m’aident à être moi, à me reconnaître, à m’auto-réaliser (oserai-je « à m’auto-créer » ?). Comme le dit Julius Evola : « On attend de l’amour quelque chose d’absolu. Le sens ultime du désir qui pousse l’homme vers la femme est le besoin d’ « être » au sens transcendant. » (Métaphysique du sexe).

Et l’écriture, justement, permet tous les aveux, toutes les audaces, toutes les métamorphoses, tous les dédoublements, tous les possibles, parce qu’elle abolit l’absurde démarcation entre rêve et réel. Le véritable amour s’abstient de toute concrétisation, qu’elle soit tendresse amoureuse ou union sexuelle. Il est à lui-même sa raison d’être, son seul but. C’est une communion d’âmes (ne parle-t-on pas d’âmes soeurs ?) et non fusion de corps. Méditez les vers de Faust quand il dit que dans le désir il a soif de jouissance et que dans la jouissance il éprouve l’amère nostalgie du désir : le vrai amour, non pas l’instinct ou la passion, est toujours de nature religieuse. Mon plaisir à moi est dans le désir, dans l’inachevé, dans l’infini. Entrouvrir la porte des possibles… et imaginer le reste.

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