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Mes secrets pour savoir lâcher prise en écriture

Panne d’inspiration ? Ras-le-bol de votre manuscrit en cours ? La page blanche vous nargue comme une fraise Tagada dans la vitrine du confiseur qui est fermé ? Vous insistez, écrivez trois mots, effacez, recommencez, mais rien à faire, ça ne veut pas. Et si la solution, c’était justement de ne pas s’obstiner ? Le lâcher-prise, ça peut aussi avoir du bon en écriture : je vous explique pourquoi et comment.

Les plus perspicaces l’auront peut-être vu : il n’y a pas eu de billet de blog la semaine dernière. J’étais quatre jours à Toulouse, pour accompagner mon aînée qui passait un concours d’entrée en école de manga (et aussi pour faire la touriste). J’aurais pu écrire un billet en avance et le programmer… mais je n’avais pas l’inspiration. Et puis, je me suis dit qu’il n’y allait pas avoir de révolution si je ne publiais pas une semaine (et j’ai eu raison : je n’ai eu aucun mail furibard ou inquiet de votre part en se demandant pourquoi je n’avais pas publié ! 😀 ). De fil en aiguille, ça m’a donné envie de vous écrire un billet sur le lâcher prise : dans la vie, c’est très utile, mais en écriture aussi.

Pourquoi lâcher prise ?

Pour se ressourcer

Je suis partie en avion à Toulouse (c’était moins cher que le train !) et j’étais donc limitée en bagage cabine. Résultat : je décide de ne pas prendre mon ordinateur portable. Pourtant, j’aurais pu profiter de ces quatre jours de vacances pour écrire, avancer sur mon roman 6, commencer le synopsis du suivant et même réfléchir à celui d’après… Mais, après un moment de flottement, je me suis dit que je pouvais tout à fait faire tout ça (sauf les corrections du roman 6) sans ordinateur, avec un carnet et un crayon. J’ai aussi emporté ma liseuse et un livre papier.

Finalement, j’ai eu raison : on a pas mal marché dans le centre-ville de Toulouse (70 km à pied sur les quatre jours !) et il y a de beaux monuments à visiter. J’ai écris un peu le soir dans mes carnets, fignolé mon synopsis du roman 7, gribouillé quelques réflexions pour le 8, j’ai lu deux livres. Et mon ordinateur ne m’a pas manqué. Mais surtout, je me suis ressourcée, je me suis gavée de belles images, j’ai pris le temps de profiter du soleil (et de la pluie, aussi !). Lâcher prise, c’est aussi se défaire du quotidien et regarder les choses avec d’autres yeux.

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L’intérieur de la cathédrale de Toulouse. Visiter des monuments historiques est une excellente source d’inspiration !

Pour s’aérer les neurones

Je me rends compte que ça m’a fait du bien de ne pas remettre le nez dans mon roman en cours pendant quelques temps : ça m’a permis de prendre du recul dessus et de penser à autre chose. Je devais aussi me remettre du refus d’un éditeur sur ma note d’intention, car mon roman ne correspond pas assez à sa ligne éditoriale (c’est un autre genre de « critique » qu’il faut digérer). J’ai pensé à un autre roman qui a priori pourrait mieux correspondre et j’ai commencé à mûrir autre chose. En revenant sur mon manuscrit, j’étais de nouveau d’attaque.

Il peut donc être utile, voire indispensable, de ne pas insister lorsque votre inspiration vous lâche, que votre manuscrit ne vous parle plus, que vous n’avancez à rien. C’est comme quand une conversation s’envenime en dispute et qu’on commence à dépasser les bornes des limites (si vous ne comprenez pas cette allusion, c’est que vous êtes trop jeune :p ). Il faut savoir dire stop. Je dis souvent à mes filles que le plus intelligent est celui qui sait s’arrêter le premier. Bref : dites stop.

Comment faire pour lâcher prise en écriture ?

Solution n°1 : faire autre chose

C’est très simple : vous fermez le fichier de votre manuscrit, vous éteignez l’ordinateur et vous faites autre chose. Mais vraiment autre chose. Le ménage, la cuisine, une balade avec le chien, de la couture, les courses… Si vous êtes comme moi, vous allez quand même continuer à cogiter votre travail en cours (c’est normal). Mais le fait de ne pas être « sous pression » devant votre manuscrit à vous dire qu’il faut absolument finir cette page va vous laisser plus libre. Votre esprit va vagabonder sans contraintes et, souvent, ça permet de s’aérer les neurones. On revient ensuite plus frais et dispos à son écriture. Cela fonctionne surtout pour faire des petites pauses et quand vous n’êtes pas face à un gros blocage.

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La Garonne à Toulouse, vue de la place Saint-Pierre. Une balade dehors : une excellente manière de se ressourcer !

Solution n°2 : changer de projet

Pour les gros ras-le-bol qui durent (et quand la première solution n’est pas assez efficace pour relancer la machine), il peut être utile de passer sur un autre projet d’écriture. Personnellement, j’ai plus de mal avec cette solution, car je n’arrive pas à mener l’écriture de plusieurs romans de front.

Cela dit, même s’il ne s’agit pas d’écriture à proprement parler, en ce moment j’ai quand même plusieurs autres projets : travailler le synopsis et la note d’intention du roman 7, commencer à réfléchir sur le roman 8, écrire une nouvelle. L’idée n’est pas de s’aérer les neurones, mais de vraiment se concentrer sur autre chose : là, l’esprit ne peut pas vraiment vagabonder, car vous l’obligez à se concentrer sur un autre projet d’écriture que celui sur lequel vous êtes bloqué.

Solution n°3 : abandonner

C’est la plus radicale et je ne la conseille qu’en dernier ressort. Quand vraiment ça ne veut plus, même au bout de semaines ou de mois. Il faut peut-être, à ce moment-là, interroger votre projet de roman et vous demander pourquoi vous n’arrivez plus à l’écrire. Puis, il faudra traiter la source du blocage.

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Un drôle de serpent-dragon près du Jardin Japonais à Toulouse.

Cela peut venir de raisons extérieures à l’écriture : manque de temps (quoique cela ne soit pas forcément une bonne raison), autre projet personnel qui vous absorbe (création d’entreprise, bébé, déménagement, travail…). Dans ce cas, il faut simplement mettre de côté votre projet d’écriture. L’abandonner ne veut pas dire le détruire et l’oublier à tout jamais : vous pouvez simplement le reporter. J’ai commencé Le Vent des Lumières quand j’avais 15 ans et je l’ai terminé à 40 : j’ai eu toute une période (à peu près de 20 à 35 ans) où je n’ai absolument rien écrit, même pas une nouvelle. C’est revenu plus tard et presque tout seul, naturellement.

Cela peut venir aussi du roman en lui-même : il ne vous intéresse plus, ses personnages vous lassent, vous n’avez plus envie de l’écrire. Dans ce cas, il faut peut-être savoir s’arrêter, là aussi. Sauf si vous avez un contrat avec un éditeur qui vous lie, personne ne vous reprochera de ne pas avoir terminé ce roman. Laissez tomber et passez à autre chose. Mais, un conseil, là encore, ne détruisez rien : qui sait, peut-être que l’inspiration vous reviendra quand vous vous y attendrez le moins ?

[encadre]Ce qu’il faut retenir sur le lâcher prise en écriture :
– Arriver à saturation sur un projet est un phénomène normal, humain.
– Il faut savoir s’arrêter, souffler, se ressourcer.
– Trois solutions pour lâcher prise en écriture : faire complètement autre chose, passer sur un autre projet d’écriture ou carrément abandonner.
[/encadre]

Et vous, vous arrivez à lâcher prise sur vos projets d’écriture ? Qu’est-ce qui vous pose le plus de problèmes ? Dites-moi tout en commentaires !

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