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Hedda Gabler (préface) / Henrik IBSEN

  • L’émancipation de la femme, mais surtout la prise de conscience de son assujettissement, est l’occasion de mettre en scène de façon individualisée, par des histoires à raconter, les bouleversements de l’Histoire, avec majuscule, qui s’annoncent dans la société.
  • Leur camaraderie risquait de se muer en une autre relation, plus physique, et de cela elle ne voulait pas. Alors il l’a quittée. Un tel refus d’aller plus loin apparait plutôt étrange quand on s’aime, même à l’époque. Mais comme elle le lui dit, elle avait « peur de la réalité », peur qu’elle les rattrape. (…) Cette haine de la réalité brute fait de Hedda Gabler le symbole d’une vision romantique du monde où domine une conception de l’idéalisme, de l’amour pur, qui est plutôt de l’amour-fiction, une pure métaphore en somme, que rien de vraiment réel ne doit venir troubler. Hedda se raccroche en fait à une vision caduque de l’amour. L’amour a besoin de signes concrets, tangibles pour exister.
    Hedda, elle, sait qu’elle n’est pas là ou elle aurait dû être, mais à force de ne se raccrocher qu’à ce qui est idéal et idéalisé, la réalité fuit entre ses doigts, et sa vie se défait peu à peu, inexorablement, comme un destin funeste qu’elle s’est imposé, socialement, psychologiquement.
  • Les personnages d’Ibsen savent toujours que les métaphores recouvrent les fautes qu’on interprète, un passé que l’on désamorce, des illusions avec lesquelles on compose.
  • Alors ces métaphores éclatent comme des non-réponses et la métaphorisation ne suffit plus. (…) Les réponses qu’elle pensait avoir soustraites à la destruction du temps y succombent, démystifiées ; ce ne sont plus que des masques, des métaphores de réponses, mais qui ne le sont plus. Alors, que faut-il faire : accepter le réel, ou le tuer ?
  • Mais l’aveuglement ne peut durer et, tôt ou tard, on ne pourra ignorer que, malgré nos métaphores et nos fictions qui servent de bouées de sauvetage, on se retrouve face à la vérité de ce que l’on est et le miroir frappe alors avec une littéralité qui tue, celle de la réalité brute qui se réfléchit.

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